Allons jouer dehors!

On entend souvent dire que les enfants passent trop de temps à l’intérieur ou devant les écrans (téléphone, tablette, ordinateur, télévision). À ce propos, connaissez-vous le syndrome du manque de nature?

Il fut une époque où les parents disaient à leurs enfants de rester dehors jusqu’à ce que les lumières de la rue s’allument, où les enfants jouaient au hockey dans la rue ou dans leur cour arrière ou encore se rendaient à pied au petit dépanneur du coin. Or, des études récentes révèlent que les enfants souffrent aujourd’hui d’un manque d’activités en plein air.

Comment ferons-nous pour que les enfants, les futurs gardiens de l’environnement et de la planète, soient à la hauteur de la tâche? Eh bien, dès leur plus jeune âge, nous devons les exposer à la nature, et faire ainsi appel à leur curiosité naturelle.

Les enfants ont un lien inné avec la nature. Qu’ils soient assis sur l’herbe, la plage ou le bord du trottoir, ou qu’ils fassent flotter des feuilles ou des petits bouts de bois dans les rigoles formées par l’eau de pluie, ils se sentent naturellement bien dehors. Ils sautent à pieds joints dans les flaques d’eau… au grand dam de leurs enseignants ou de leurs parents! Après tout, quoi de plus amusant que de marcher dans la boue pour le seul plaisir de sentir ses chaussures s’y enfoncer et d’entendre le bruit rigolo qu’elles font en les dégageant!

Le temps passé dans la nature est apaisant.

L’initiation à l’environnement contribue grandement à la création

L’initiation à l’environnement contribue grandement à la création de liens solides avec la nature et le milieu environnant de même qu’à l’adoption d’attitudes positives à l’égard de la terre qui nous héberge. Il est essentiel de fournir aux enfants l’occasion de se lier au monde naturel et de susciter chez eux une affinité avec l’environnement. En aménageant des sentiers dans le village de North Hatley (au parc Scowen) et dans la montagne de Sainte-Catherine-de-Hatley, la Fiducie Massawippi a donné au public le privilège de se promener dans la nature à l’état sauvage. Témoignages après témoignages, les randonneurs ne tarissent pas d’éloges sur leur expérience positive.

Les sorties extérieures avec l’école, la famille ou les amis procurent aux enfants à la fois une expérience santé et les avantages de l’activité physique sans compter qu’elles améliorent leurs habiletés cognitives. Les enfants sont dès lors plus aptes à donner le meilleur d’eux-mêmes et sont moins exposés aux risques liés au stress et à l’anxiété. On a même pu établir un lien entre le fait de passer du temps dans la nature pendant l’enfance et l’adoption d’attitudes et de comportements écologiques à l’âge adulte.

Plusieurs facteurs façonnent la réalité d’aujourd’hui. Souvent, les deux parents travaillent et parfois ils occupent plus d’un emploi chacun. Les enfants ont un horaire chargé et ont moins de temps libre pour jouer. On craint aussi pour la sécurité des enfants, surtout dans les milieux considérés comme peu sûrs. « Et si mon enfant était blessé, ou pire? » Par ailleurs, comme de plus en plus de gens vivent dans les villes, les enfants ont moins accès à la nature. En 2021, près de trois Canadiens sur quatre vivaient dans un grand centre urbain de plus de 100 000 habitants (Statistique Canada, 9 février 2022, www150.statcan.gc.ca). La race, l’origine ethnique et la situation socio-économique peuvent aussi avoir une incidence sur l’accès d’un enfant à la nature.

Selon une étude menée par Balmford, Clegg, Coulson, and Taylor (2002), les enfants de huit ans ont plus de facilité à identifier des personnages Pokémon qu’à reconnaître des spécimens de la flore ou de la faune locales.

Si l’on veut assurer l’avenir de l’environnement et de notre monde, il faut exposer les enfants à la nature afin qu’ils apprennent à l’aimer et non à la craindre. « Ce qui est important, c’est de donner aux enfants la possibilité de se rapprocher de la nature, d’apprendre à l’aimer et à s’y sentir bien, avant de leur demander de soigner ses blessures. » (Sobel, 1996, Beyond ecophobia: Reclaiming the heart in nature education. Great Barrington, MA: Orion Society.)

Comme l’a si bien dit Jacques Cousteau, « les gens protègent ce qu’ils aiment ». En allant dehors, nous façonnerons des liens plus profonds avec l’environnement et la conservation, ce qui contribuera à faire grandir l’amour dans nos cœurs.
Certes, toute cette information peut être rebutante, voire décourageante, mais sachons que chacun de nous a la capacité d’entraîner de grands changements par des gestes bien simples. Que ce soit marcher dans les bois, prendre le temps d’admirer la beauté qui nous entoure ou encore poser de vraiment bonnes questions (même si la réponse n’est pas évidente), puis répéter ce qui précède encore et encore. La Fondation Massawippi espère sincèrement que ses sentiers fassent partie intégrante de ce cheminement vers le changement tant au sein de votre famille qu’au sein de la collectivité dans son ensemble.

Mettre la nordicité en bouteille

Saviez-vous que notre région abrite des fermes et des vignobles extraordinaires où la passion pour les pratiques agricoles biologiques remonte à plusieurs décennies ? Prendre soin de l’environnement et cultiver des aliments sains n’a rien de nouveau pour ces agriculteurs et ces vignerons.
Nous commençons la première de notre série de reportages avec un article écrit par Caroline Chagnon, du Domaine de Bergeville dans le Canton de Hatley. À la vôtre !

Pendant que nous embouteillons les premiers vins du millésime 2021, les vignes terminent leur long repos hivernal. Bientôt, elles seront dévêtues de leurs toiles protectrices afin de capter leurs premiers rayons de soleil de l’année.
Confortablement enracinées sur les coteaux de la vallée du Massawippi, nos vignes s’épanouissent dans la région viticole la plus en altitude au Québec : les hauts plateaux appalachiens. L’élévation de 250 m crée un contraste favorable entre journée chaude et nuit fraîche. Cet écart de température a pour effet de ralentir le mûrissement des raisins et de conserver une remarquable acidité, cruciale à l’élaboration de mousseux. Le Domaine Bergeville est d’ailleurs le seul vignoble au Québec à se consacrer entièrement à la fabrication de mousseux – des méthodes traditionnelles et des pétillants. Nous croyons que c’est à travers le prisme de la double fermentation que s’exprime le mieux tout le potentiel de notre climat nordique, de nos sols et de nos cépages hybrides. En d’autres mots : nous embouteillons la nordicité.
Mais au-delà de faire du vin, notre préoccupation est de façonner un environnement riche en biodiversité. Depuis nos tous débuts, nous travaillons en viticulture biologique et biodynamique. Ainsi, notre vignoble n’a jamais connu de produit de synthèse. Suivant une approche peu interventionniste, chaque soin porté au vignoble est posé dans l’intention d’en faire un écosystème durable et, ultimement, un organisme autosuffisant. Conscient qu’un vignoble soit une monoculture, nous avons implanté plusieurs solutions afin de maintenir une nature abondante et diversifiée. Ainsi, nous avons délibérément planté différents cépages sur une même parcelle, en intercalant des variétés de vignes qui fleurissent à différents moments de l’été. Des engrais verts permanents poussent dans les entre-rangs, ce qui a pour effet de diminuer l’érosion du sol. Aux abords des parcelles, les îlots de flores sauvages et la forêt sont des refuges pour les insectes, les amphibiens et les animaux qui contribuent tout autant à la biodiversité du vignoble. Chaque élément prenant part à notre écosystème joue un rôle essentiel et participe à sa cohésion.
Notre terre est notre plus grande richesse. De par sa composition riche en limons, sable et cailloux – qui lui confère la particularité d’être acide et peu profonde – mais aussi par la vie qui y habite. Notre intention est de constamment lui redonner au moins autant qu’elle nous donne. L’application des principes de la biodynamie nous permet d’améliorer la santé du vignoble dans sa globalité. Des préparations biodynamiques à base de plantes aident le système immunitaire des vignes, en les disposant à combattre les maladies et les insectes. À long terme, cette pratique nous permet de réduire les traitements et les interventions au minimum, diminuant notre impact sur l’environnement. Nous fertilisons notre vignoble avec du fumier composté en provenance d’une fromagerie biologique et biodynamique de la région. Cet apport prend beaucoup plus de temps qu’un engrais chimique à préparer, mais il se fait plus en profondeur et pour le long terme. Nos efforts semblent porter fruits puisque nous avons remarqué une présence accrue de vers de terre, de bactériens et d’oiseaux dans les dernières années, ce qui représente une mesure empirique d’une forte vie de sol.
Dans le but de travailler avec la nature et de produire un vin authentique, adapté à notre région, nous avons planté notre vignoble avec des vignes hybrides. Issues d’un croisement entre la vigne sauvage d’Amérique du Nord et la vigne européenne, elles sont mieux outillées que leurs homologues d’Europe pour contrer la pression des maladies fongiques. Travailler avec ces cépages hybrides nous permet de minimiser significativement l’application de traitements bio, sans mettre en péril notre capacité à produire des vins de qualité. Le frontenac, l’acadie et le st-pépin, notamment, ont été sélectionnés pour leur robustesse et leurs caractéristiques organoleptiques, mais aussi pour leur cycle végétatif rapide.
Notre philosophie demeure la même au chai. L’expérience nous a appris qu’un raisin en santé exigeait un minimum d’intervention. Appuyé par des levures indigènes saines, le vin aura tout ce dont il a besoin pour exprimer l’individualité qu’il a mis toute une saison à développer. Ainsi, les manipulations et les intrants en cuverie sont-ils réduits au minimum. Une dose minimale de souffre est employée en début de processus, au pressurage des baies seulement. Cette vinification naturelle se sent dans les vins qui présentent un fruit intègre, une fraicheur éclatante et une élégance certaine.
Pour nous, il s’agit de refléter fidèlement l’unicité de notre vignoble nordique et de faire des vins de grande précision dans le plus grand respect de notre terre.

Caroline Chagnon, directrice des communications au Domaine Bergeville

CRAMPONS ou RAQUETTES?

C’est une question que nous nous posons souvent avant d’aller marcher dans la nature.

Comme les randonnées hivernales gagnent en popularité, un nombre croissant de produits et d’accessoires nous sont proposés sur le marché pour bonifier notre expérience. Des bâtons de marche aux crampons, en passant par les raquettes, les sacs à dos, les trousses de premiers soins ou les bouteilles réutilisables, le choix est vaste.
Mais limitons-nous ici aux crampons et aux raquettes.
Le type de crampons varie selon l’utilisation qu’on veut en faire, de la marche urbaine à la randonnée d’aventure. Pour vous promener sur un sentier nature, choisissez un modèle de milieu de gamme conçu à cette fin; les pointes sont légèrement plus prononcées que sur un modèle pour ville.
Gardez une paire de crampons dans votre voiture, c’est toujours pratique d’en avoir à portée de la main (et des pieds!). Il faut savoir qu’ils rouillent rapidement par contre, alors pensez à les essuyer après usage.
Le Sentier Massawippi est très fréquenté et, en hiver, la neige est souvent bien tassée. Même après une bordée de neige, vous constaterez que le sentier est déjà tracé à moins de vous rendre très tôt. C’est l’endroit idéal pour chausser des crampons, car ils vous donneront une bonne traction (sauf s’il y a de glace et, dans ce cas, rien n’aide vraiment sauf peut-être une prière). Nous savons que le port de crampons est populaire, car nos escaliers en bois qui mènent à la plage d’Ethan ont été un peu grugés l’hiver dernier. Cette année, ces marches sont recouvertes d’un épais tapis en caoutchouc pour protéger le bois et les courageux ou les curieux qui descendent voir le lac en hiver. La vue est d’ailleurs magnifique!
D’autres opteront pour les raquettes; utilisées depuis longtemps au Québec, elles procurent une autre forme d’exercice.
Conçues pour les terrains plats, les raquettes servent à répartir votre poids lorsque vous marchez sur une épaisse couche de neige. Il est vrai qu’elles vous aident à avoir prise sur la neige, mais comment faire pour monter les escaliers? Il y a tellement d’escaliers sur les sentiers, que ce soit des escaliers en bois ou des escaliers combinant pierre et bois. N’oublions pas non plus les pentes raides à descendre. Comment y arriver avec des raquettes?
Que vous optiez pour des raquettes ou des crampons, assurez-vous de rester sur les sentiers. Ceux-ci se trouvent dans un secteur de conservation qui abrite, hiver comme été, des plantes et une faune précieuses. Résistez à la tentation de marcher dans la neige profonde, hors des sentiers. Le secteur occupe une superficie de près de 1 000 acres. En restant sur les sentiers, vous ne risquez pas de vous perdre.
Certains conseillent d’emporter les deux types d’équipement en randonnée. Dans les sentiers Massawippi, les raquettes sont préférables après une grosse chute de neige, sinon des crampons ou de simples bottes avec de bonnes semelles font très bien l’affaire. Vérifiez la météo et prenez votre décision en conséquence.

Profitez de votre promenade… et ne laissez aucune trace.

JANE MEAGHER Présidente passionnée de la Fondation Massawippi

Jane est ici en train de marquer la propriété avec un biologiste du Corridor appalachien.

Passionnée de plein air, Jane est une adepte de la marche. Peu importe la saison, vous la verrez parcourir les rues de son village ou se promener dans les sentiers Massawippi. Jane aime marcher depuis toujours et prend plaisir à faire découvrir nos sentiers aux visiteurs de sa région.
Jane se trouve intimement liée à l’histoire de North Hatley, tout comme son collègue, Tom Wilcox, membre du conseil d’administration. Elle a élu domicile à North Hatley après avoir mis un terme à sa carrière dans le domaine juridique au sein du gouvernement fédéral. Native de Sherbrooke, elle a grandi à Montréal et passait tous ses étés au village. En 1920, la famille de son arrière-grand-père a acheté sa première résidence d’été. Jane se rappelle ses étés dans la maison familiale et l’indépendance que lui procurait l’embarcation de 3,5 ch qu’elle utilisait quotidiennement pour se rendre de l’autre côté du lac, au club North Hatley. Dans les années 1960, son père a acheté une grande propriété agricole dans le canton de Hatley; il y a planté des arbres, soucieux de contribuer à la conservation des terres. Jane faisait de longues randonnées avec son père et, parfois, allait explorer les environs à cheval. Vers la fin des années 1990, elle revenait régulièrement à la propriété; c’est à cette époque qu’elle a décidé d’aménager quelques sentiers pour la marche, le ski de fond et la raquette.
Dès la création du conseil d’administration de la Fondation Massawippi, en 2012, Jane a manifesté son intérêt. C’est ainsi qu’en 2013, on lui a proposé de faire partie du conseil; aujourd’hui, elle en assume la direction. La passion et le respect qui animaient le conseil d’administration à ses tout débuts ne se sont pas démentis. Aucun des membres n’est écologiste, mais tous partagent un grand attachement à la région et tous sont déterminés à faire le nécessaire pour en protéger la beauté sauvage au profit des générations futures.
Est-ce que la région a changé au fil des ans? « Pas vraiment, nous répond Jane, les bâtiments sont les mêmes, seuls les commerces à l’intérieur sont différents. » Elle se souvient du magasin général et de la quincaillerie  se trouve maintenant le Pilsen; quant au Earl’s c’était le dépanneur, et c’est au Hob Nob (aujourd’hui le Mercantile) que le vendredi soir, en arrivant de Montréal, les membres de sa famille allaient chercher hot dogs et frites pour leur souper. Bien entendu, l’épicerie LeBaron existait à l’époque et existe toujours aujourd’hui. « Le changement le plus important, c’est la vente du chemin de fer. » Elle se revoit marcher le long de la voie ferrée pour se rendre au village voisin, sautant parfois dans l’eau depuis le pont pour ne pas se faire écraser par le train de midi. Il ne reste aujourd’hui que la passerelle et le pavillon, d’où admirer le lac et les montagnes derrière.
Jane était présente, en compagnie de sa sœur, à l’ouverture du Sentier Massawippi. Jane s’est alors dit que cet endroit revêtirait dorénavant une importance toute particulière pour elle, car George Wardman Sr. avait été un bon ami de son père. Les sentiers Massawippi, à North Hatley et à Sainte-Catherine, sont ses lieux de promenades préférés dans la région tant pour la beauté de la nature que pour la vue imprenable sur le lac. Elle se fait d’ailleurs un devoir de parler de la Fondation et de sa mission de conservation aux visiteurs qui croisent son chemin. Après la vente de la ferme des Meagher en 2018, Jane et Jean, son mari, ont décidé de faire l’acquisition d’une caravane Airstream, se joignant ainsi à une nouvelle communauté. Leur choix reflète leur amour de la nature.

Jane se dit ni écologiste ni conservationniste, mais simplement une amante de la nature qui fait de son mieux pour aider la planète et sa communauté. Son fils a acheté récemment une propriété dans la région, de sorte que la tradition familiale se poursuit!

Passionnée de plein air, Jane est une adepte de la marche. Peu importe la saison, vous la verrez parcourir les rues de notre village ou se promener dans les sentiers Massawippi.

Jane aime marcher depuis toujours et prend plaisir à faire découvrir nos sentiers aux visiteurs de sa région.
Jane se trouve intimement liée à l’histoire de North Hatley, tout comme son collègue, Tom Wilcox, membre du conseil d’administration. Elle a élu domicile à North Hatley après avoir mis un terme à sa carrière dans le domaine juridique au sein du gouvernement fédéral. Native de Sherbrooke, elle a grandi à Montréal et passait tous ses étés au village. En 1920, la famille de son arrière-grand-père a acheté sa première résidence d’été. Jane se rappelle ses étés dans la maison familiale et l’indépendance que lui procurait l’embarcation de 3,5 HP qu’elle utilisait quotidiennement pour se rendre de l’autre côté du lac, au North Hatley Club. Dans les années 1960, son père a acheté une grande propriété agricole dans le canton de Hatley; il y a planté des arbres, soucieux de contribuer à la conservation des terres. Jane faisait de longues randonnées avec son père et, parfois, allait explorer les environs à cheval. Vers la fin des années 1990, elle revenait régulièrement à la propriété; c’est à cette époque qu’elle a décidé d’aménager quelques sentiers pour la marche, le ski de fond et la raquette.

Dès la création du conseil d’administration de la Fondation Massawippi, en 2012, Jane a manifesté son intérêt. C’est ainsi qu’en 2013, on lui a proposé de faire partie du conseil; aujourd’hui, elle en assume la direction. La passion et le respect qui animaient le conseil d’administration à ses tout débuts ne se sont pas démentis. Aucun des membres n’est écologiste, mais tous partagent un grand attachement à la région et tous sont déterminés à faire le nécessaire pour en protéger la beauté sauvage au profit des générations futures.

Est-ce que la région a changé au fil des ans? « Pas vraiment, nous répond Jane, les bâtiments sont les mêmes, seuls les commerces à l’intérieur sont différents. » Elle se souvient du magasin général et de la quincaillerie  se trouve maintenant le Pilsen; quant au Earl’s c’était le dépanneur, et c’est au Hob Nob (aujourd’hui le Mercantile) que le vendredi soir, en arrivant de Montréal, les membres de sa famille allaient chercher hot dogs et frites pour leur souper. Bien entendu, l’épicerie LeBaron existait à l’époque et existe toujours aujourd’hui. « Le changement le plus important, c’est la vente du chemin de fer. » Elle se revoit marcher le long de la voie ferrée pour se rendre au village voisin, sautant parfois dans l’eau depuis le pont pour ne pas se faire écraser par le train de midi. Il ne reste aujourd’hui que la passerelle et le pavillon, d’où admirer le lac et les montagnes derrière.

Jane était présente, en compagnie de sa sœur, à l’ouverture du Sentier Massawippi. Jane s’est alors dit que cet endroit revêtirait dorénavant une importance toute particulière pour elle, car George Wardman Sr. avait été un bon ami de son père. Les sentiers Massawippi, à North Hatley et à Sainte-Catherine, sont ses lieux de promenades préférés dans la région tant pour la beauté de la nature que pour la vue imprenable sur le lac. Elle se fait d’ailleurs un devoir de parler de la Fondation et de sa mission de conservation aux visiteurs qui croisent son chemin. Après la vente de la ferme des Meagher en 2018, Jane et Jean, son mari, ont décidé de faire l’acquisition d’une caravane Airstream, se joignant ainsi à une nouvelle communauté. Leur choix reflète leur amour de la nature.

Jane se dit ni écologiste ni conservationniste, mais simplement une amante de la nature qui fait de son mieux pour aider la planète et sa communauté. Son fils a acheté récemment une propriété dans la région, de sorte que la tradition familiale se poursuit!

Comme le dit si bien Jacques Cousteau, « on protège ce qu’on aime », et c’est ce que Margot Graham Heyerhoff fait avec brio.

Margot s’est installée avec sa famille dans la vallée Massawippi en 2002, mais son attachement à la région remonte aux années 1970 alors qu’elle fréquentait l’université et travaillait.

Discrète et passionnée, Margot a joué un rôle de premier plan dans la création de la Fondation Massawippi, dont elle est cofondatrice. Aujourd’hui, environ 1 200 acres sont protégées à perpétuité par la Fiducie de conservation Massawippi. Les terres sont évaluées à plus de 4,3 millions de dollars et la Fondation a recueilli plus de cinq millions de dollars. Au cours des dix dernières années, Margot a occupé simultanément les fonctions de présidente et de directrice générale bénévole par intérim (ce qu’on nomme « leader au service des autres »). Aujourd’hui, Margot est présidente de la Fondation et administratrice de la Fiducie.

La zone protégée occupe le bassin versant du lac Massawippi, situé dans les Cantons de l’Est. Elle contient des forêts encore intactes d’une grande richesse écologique. En 2010, durant le congé de l’Action de grâce, Margot et un petit groupe se sont réunis pour discuter de la menace imminente que représentait le développement de la magnifique montagne du côté ouest du lac. David Rittenhouse, présent à cette rencontre, est tout de suite passé des paroles aux actes en entamant des recherches sur la marche à suivre pour créer une fiducie de conservation et une fondation communautaire.

Et c’est après avoir rencontré David par hasard au dépanneur local que Margot a décidé elle aussi de mettre la main à la pâte. Durant l’été 2011, ils sont donc allés de porte en porte pour solliciter des fonds qui seraient affectés à l’achat de terres et pour expliquer les objectifs des organisations sœurs. Le travail de David est d’autant plus méritoire qu’il souffrait alors d’un cancer avancé; la veille de son décès, en août de la même année, Margot avait pu lui rendre visite et lui avait alors promis que les autres fondateurs poursuivraient le travail qu’il avait commencé à titre de premier directeur général de la Fondation.
Depuis lors, Margot a répertorié les propriétés intéressantes, participé à la cession ou à la vente de certaines d’entre elles et réuni les fiduciaires et les propriétaires à la même table pour signer les transferts de propriété, une tâche que Margot compare à celle de rassembler des chats. Elle-même une donatrice principale, Margot a aussi contribué à la collecte de fonds pour l’acquisition de propriétés et la construction de sentiers. Porte-parole et pédagogue dans l’âme, Margot a prononcé des allocutions, écrit personnellement des centaines de notes de remerciement, organisé quantité d’activités de financement et a même prêté sa maison en échange de dons au lieu d’un loyer. Comme elle est une autorité très respectée en matière de conservation dans la région, on lui demande régulièrement conseil sur la manière d’établir une fiducie foncière.
Margot et l’ensemble du conseil d’administration estiment qu’il est important que tout le monde ait accès à la nature, profite de la forêt et puisse s’y promener librement. Il n’est donc pas étonnant qu’en peu de temps un réseau de sentiers ait été aménagé sur deux des terrains acquis. Comme le dit Margot Graham Heyerhoff, « nous ne voulions pas que les gens ne puissent admirer cette montagne verte d’une beauté incroyable que de loin, en conduisant sur la route 143, nous voulions leur permettre de faire l’expérience de la conservation en étant « à l’intérieur » de ces forêts protégées ». Leur vision s’est révélée d’autant plus salutaire qu’au cours des deux dernières années, alors que la pandémie faisait rage autour de nous, jamais autant de promeneurs ne sont venus parcourir nos sentiers pour se ressourcer et prendre soin de leur santé tant physique que mentale.

Mentionnons par ailleurs que la Fiducie Massawippi fait partie du groupe parapluie Corridor appalachien. Les biologistes et spécialistes de cette organisation ont recensé les propriétés de première importance qui relient les corridors fauniques allant des États-Unis au Québec et aux provinces de l’Atlantique. Margot s’investit sans compter pour que les parcelles dépendantes de terrains soient reliées entre elles, car elle est convaincue que cela entraînera des répercussions positives sur la faune et la flore.
Outre ses fonctions au sein de la Fondation à titre de présidente du conseil d’administration, de directrice générale par intérim et de présidente de la Fondation, Margot siège au comité des subventions, au comité des collectes de fonds et, maintenant, aux deux nouveaux comités que sont celui de l’éducation et celui de l’agriculture.
« En adéquation avec notre ambition de favoriser la santé écologique et la prospérité de la vallée du lac Massawippi, nous explique Margot, nous avons l’intention d’élargir nos efforts de conservation pour nous intéresser non seulement à nos riches forêts, mais aussi à d’autres types de terres essentielles sur le plan écologique. La Fondation Massawippi et la Fiducie de conservation Massawippi adhèrent au mouvement mondial vers une amélioration de la résilience de l’écosystème agricole aux fins d’une production agricole durable. L’utilisation de nos terres fait partie intégrante de notre stratégie de conservation; nous préconisons le recours à des pratiques agricoles agroenvironnementales susceptibles de préserver la santé de nos sols, l’emploi de moyens pour préserver la biodiversité des insectes et des oiseaux ainsi que l’emploi de moyens pour protéger les cours d’eau dans le souci d’améliorer la santé de notre lac, des exploitations agricoles et de leurs produits et, en fin de compte, la qualité de vie des résidants. »

La nouvelle décennie maintenant bien entamée, la Fondation Massawippi élargit son mandat pour y ajouter des programmes éducatifs à l’intention des élèves de la région, des familles et des adultes. Elle se joint aussi au mouvement d’agriculture régénératrice et commanditera une bourse de recherche qui servira à localiser les points chauds du territoire où les exploitations agricoles contribuent à la pollution. En collaboration avec les organisations locales, la Fondation fera la promotion de nouvelles techniques agricoles, qui sont en fait d’anciennes techniques tombées en désuétude, mais qui sont moins invasives et peuvent contribuer à améliorer la qualité du sol, les cultures, les revenus des agriculteurs et l’environnement.

Depuis qu’elle a quitté la ville pour s’installer dans les Cantons de l’Est, Margot s’est profondément attachée à son milieu, comme en témoigne son grand dévouement pour la Fondation Massawippi et la Fiducie de conservation Massawippi. Sa passion pour ce coin de pays l’a amenée à acquérir de solides connaissances en environnement et en conservation. Margot est dotée d’une grande créativité (elle est designer et artiste) et d’une imagination débordante qu’elle applique à toutes sortes de projets, dont plusieurs d’ailleurs ont été concrétisés.

 

Pat Webster

En juin prochain, Pat tirera sa révérence pour se concentrer sur de nouveaux projets, dont le lancement de son premier livre intitulé Autobiography of a Garden.
Pat a passé son enfance en Virginie, au sein d’une famille qui voyageait beaucoup à travers le monde. Il n’est donc pas étonnant qu’elle ait décidé d’aller vivre un an à l’étranger, durant ses études universitaires, pour étudier la philosophie à l’Université de Londres et profiter de l’âge d’or des années 1960, alors que les Beatles et Carnaby Street faisaient fureur. Avant de rentrer au bercail, elle s’est rendue en Grèce, où elle a rencontré Norman Webster, son futur mari canadien.

En tant que journaliste, Norman s’est vu proposer à la fin des années 1960 le poste de correspondant du Globe and Mail à Pékin… et Pat s’est montrée enthousiaste à l’idée de l’accompagner! Ils ont donc vécu deux années là-bas, avec leurs trois jeunes garçons, au sein d’une petite communauté de diplomates. Ils ont passé les trois années suivantes en Angleterre, avec leurs enfants alors au nombre de cinq, puis dans différentes villes du Canada.

Globe-trotteuse, blogueuse, autrice, mère de famille, Pat a renoncé à sa citoyenneté américaine pour devenir canadienne et, plus précisément, faire des Cantons de l’Est et de North Hatley sa terre d’adoption. « Il y a quelque chose à propos de cet endroit qui vous interpelle au plus profond de votre être; c’est difficile de dire ce que c’est précisément, mais c’est là. »

C’est à North Hatley qu’elle passait ses vacances estivales avec sa famille à explorer les bois, suivre les pistes des cerfs et créer ses propres sentiers, faisant du lac son point de repère. De Pointe Black, elle ne pouvait voir que deux chalets du côté ouest du lac et, pour ainsi dire, aucune maison de l’autre côté.

Un jour, en empruntant un nouveau sentier, elle est tombée sur une route taillée dans le flanc de la montagne. Cette cicatrice dans le paysage lui a fait comprendre que les forêts encore vierges étaient menacées. « Tu ne veux pas empêcher les gens de venir, mais tu sens que quelque chose de précieux se détériore, et tu veux le protéger. »

En 1996, Pat et Norman ont acheté Glen Villa, où elle vit seule maintenant en permanence, depuis le décès de son mari en 2021. Elle y a aménagé un jardin et, au fil du temps, y a incorporé des éléments artistiques qui nous incitent à réfléchir sur l’histoire, la mémoire et notre relation avec la nature. « Nous laisserons tous et toutes une marque dans la société, et c’est à chacun de nous qu’il appartient de décider quelle marque ce sera. »

Depuis les tout débuts de la Fondation Massawippi et de la Fiducie de conservation Massawippi, Pat a fait siens les objectifs établis et a appuyé sans réserve l’aménagement d’un réseau de sentiers. « Pour les gens qui en font l’expérience, la forêt devient vite une source de bien-être, et les sentiers leur en donnent l’accès. On trouve dans les bois ce je-ne-sais-quoi qui nous invite à y retourner. »

Grand-maman de 11 petits-enfants, Pat se réjouit que la Fondation puisse enfin offrir un programme éducatif aux enfants. Conçu pour renseigner les enfants sur l’environnement dans l’enceinte extérieure protégée des sentiers, le programme débutera à l’automne. « J’ai bon espoir que le programme permettra aux jeunes d’acquérir un sentiment profond d’attachement à la nature. J’espère que dans quelques années, nous pourrons élargir le programme pour y inclure des activités familiales et des programmes pour les adultes. »
Une vie riche en expériences, à examiner le monde du point de vue des autres, a mené Pat à prendre conscience de l’importance du paysage qui nous rassemble. Maintenant que la Fondation Massawippi est solidement établie, Pat est prête à s’attaquer à d’autres projets, dont le lancement en juillet de son nouveau livre intitulé Autobiography of a Garden. Publié par McGill-Queen’s University Press, il sera disponible en librairie et en ligne auprès de McGill-Queen’s University Press et d’autres sources fiables. Par ailleurs, Pat permettra au public de visiter le jardin de Glen Villa cet été afin de recueillir des fonds pour la Fondation Massawippi. Les portes ouvertes se tiendront le 25 juin, le 23 juillet, le 20 août et le 1 er  octobre. Il faut se procurer les billets à l’avance, au coût de 25 $ par personne, sur le site Web de Pat (www.glenvillaartgarden.com).

Le conseil d’administration de la Fondation Massawippi tient à remercier Patterson Webster pour son dévouement de tous les instants. Elle a su nous guider et nous conseiller avec sagesse, finesse et intelligence. Nous lui souhaitons bon succès dans ses nouveaux projets!

Plus le glaçon est petit, plus il fond vite

Fragmentation de la forêt
Cassures dans les corridors écologiques
Connectivité écologique
Pourquoi est-il important de relier les aires naturelles et de créer des corridors?
  • Saviez-vous qu’il faut s’éloigner de 60 à 90 mètres de la lisière de la forêt pour que le bruit des voitures et des tondeuses à gazon soit étouffé et que l’on puisse trouver un endroit frais et ombragé où le sol de la forêt est encore humide même pendant une sécheresse de trois semaines?
  • Qu’il faut 14 acres de forêt pour n’avoir qu’un seul acre au centre où sont réunies les conditions forestières les plus authentiques?
  • Qu’une zone résidentielle au milieu d’une forêt perturbe jusqu’à 30 acres de superficie boisée?
  • La fragmentation de la forêt résulte notamment de l’introduction de routes, d’activités agricoles, de corridors réservés aux services publics et de lotissements.
    Plus la fragmentation est importante, plus la disparition de la forêt est rapide. Prenons l’exemple des glaçons : plus le glaçon est petit, plus il fond vite.

De nombreuses espèces se trouvent à la limite nord de leur habitat. En raison du changement climatique, les espèces continueront de se déplacer vers le nord, en direction de notre région.
« Les réseaux écologiques constituent une stratégie de conservation essentielle pour soutenir la biodiversité dans sa lutte contre les changements climatiques. L’évolution des conditions climatiques oblige les espèces à modifier leurs aires de répartition. À long terme, la science de la connectivité peut répondre aux risques posés par les changements climatiques en quantifiant les besoins en matière d’habitat et de déplacements, en prédisant leur évolution et en identifiant les possibilités de protéger de vastes réseaux d’habitats pour préserver la connectivité et soutenir les espèces. »
Extrait du document intitulé Résumé – La science de la connectivité écologique dans la Région de la résolution 40-3 – Une évaluation de la science et des projets décrivant les paysages connectés de la région nord-est de l’Amérique du Nord
La fragmentation des milieux naturels réduit la biodiversité, altère la santé de la forêt et la qualité de l’eau en plus d’accroître la menace causée par les espèces envahissantes (des plantes par exemple) et par les agents pathogènes.

  • Le Québec souhaite que 30 % de ses terres soient protégées d’ici 2030, soit dans huit ans; à l’heure actuelle, seulement 17 % des terres sont protégées.
  • Dans les Cantons de l’Est, 91 % des terres appartiennent à des particuliers. Il est donc impératif de faire connaître les méthodes de conservation et de trouver des moyens de sensibiliser les propriétaires fonciers aux avantages de la conservation.

 

https://www.corridorappalachien.ca/wp-content/uploads/2022/04/CorridorAppalachien_Bulletin-Printemps_EN_WEB_20220413.pdf

La Fiducie de conservation Massawippi possède ou a placé sous sa protection 1 200 acres (485 hectares) de terres. Ces terres sont contiguës pour la grande majorité et se trouvent sur la rive ouest du lac Massawippi, lequel est réputé pour la propreté de son eau. Quant à la forêt, encore intacte, elle constitue un habitat sain pour la flore et la faune, et abrite notamment de nombreuses espèces de salamandres. Celles-ci constituent, à l’instar du ver de terre, un bon indicateur de l’intégrité écologique de la forêt.
L’aménagement du territoire est un des outils qui peut être utilisé pour protéger les habitats essentiels.

À ce sujet, voici ce que mentionne le site Web de Corridor appalachien :
« Les municipalités et les MRC possèdent de nombreux outils pour passer à l’action et peuvent mettre à contribution leurs pouvoirs réglementaires pour préserver la nature. Les municipalités ont notamment le pouvoir de créer des leviers favorables par l’entremise :
• Des règlements de zonage
• Du plan d’ensemble/plan d’urbanisme
• Du plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA)
• Des usages conditionnels
• De la délivrance de permis et certificats
• D’ententes relatives aux travaux municipaux
• De plantations et de règlements d’abattage d’arbres
• De règlements relatifs au fauchage de végétation
• Du type d’éclairage extérieur
• De règlements de lotissement
« Par exemple, les municipalités peuvent adopter un plan d’urbanisme favorable à la nature et des règlements limitant la destruction ou la dégradation des éléments les plus sensibles sur un territoire comme des sommets, des zones de pentes fortes et des bandes riveraines. Les municipalités peuvent aussi établir des statuts de conservation sur les propriétés qu’elles détiennent. C’est encore plus avantageux si plusieurs municipalités voisines se concertent pour développer et intégrer une vision de conservation globale et holistique. Dans le but d’appuyer les municipalités et les MRC à améliorer leur prise en compte des milieux naturels et de la connectivité écologique, Corridor appalachien a dernièrement lancé deux boîtes à outils. Ces outils ont été développés notamment, dans le cadre de l’Initiative québécoise Corridors écologiques. »

Vous n’êtes pas propriétaire foncier?
Vous voulez prêter main-forte?
Vérifiez si votre municipalité a établi des plans pour la protection de l’environnement et si elle a mis à jour ses règlements de zonage pour tenir compte des réalités actuelles. Impliquez-vous auprès de votre municipalité et de l’administration locale. Adhérez à un comité environnemental. N’hésitez pas à vous faire entendre et à voter.

Nous tenons à remercier les ressources suivantes pour l’aide apportée à la rédaction de cet article :
­– Michael Synder par l’entremise de son ouvrage intitulé « Woods Whys » (publié par Bondcliff Books). Il a collaboré de nombreuses années à la revue Vermont Woodlands et occupe actuellement le poste d’expert forestier et de commissaire pour l’État du Vermont (Vermont State Forester and Commissioner) au département des forêts, parcs et loisirs du Vermont (Department of Forests, Parks & Recreation).
– Corridor appalachien, notre partenaire associé, qui a organisé un webinaire très intéressant sur l’importance des corridors écologiques et qui a participé à des études et des recherches au fil des ans sur l’importance des corridors dans notre région et sur bien d’autres sujets liés à la conservation.

LES TORTUES, UN TEMPS ACTIFS POUR EUX

Nicolas Bousquet est l’auteur de l’article suivant. Actuellement, le projet majeur dont il est responsable est une étude sur la tortue des bois : Cela comprend la participation aux relevés, la protection active des femelles adultes dans une gravière, la protection des nids, le développement de mesures pour protéger toutes les tortues et le maintien de l’activité dans la gravière, la limitation de la propagation de la renouée du Japon dans l’habitat conçu pour la tortue des bois afin de maintenir une bonne qualité d’habitat ainsi que l’enseignement aux étudiants du cégep et de l’université sur le terrain au sujet des tortues des bois.


Malgré un printemps pluvieux et assez froid, les récentes hausses de températures ainsi que le temps ensoleillé poussent les tortues à s’activer. La chaleur donne signal pour qu’elle sorte de leur hibernation dans le lit des cours d’eau. Rapidement les trois espèces de tortues, soit la tortue peinte, la tortue serpentine et la tortue des bois de notre secteur seront visibles lors de nos activités en plein air ou sur la route! Dans un premier temps elles chercheront un peu de soleil et sortiront des rivières et étangs encore très froids pour faciliter leur thermorégulation.
Ensuite, s’entame la période de ponte qui va s’étaler de la fin de mois de mai jusqu’au début juillet, mais c’est particulièrement au mois de juin que la majorité des tortues seront actives pour la ponte. Les femelles adultes vont chercher du sable et du gravier, ou un mélange des deux, exposé au soleil pour faire leur nid et enterrer leurs œufs. Celles-ci peuvent donc aller en bordure de route ou sur des sentiers piétons ou pistes cyclables pour faire leur nid et ainsi devenir très vulnérables.

En effet, on note chaque année des mortalités de tortues en bordure de ces structures, souvent des adultes, mais parfois aussi des jeunes sortis de leur œuf. Le passage du milieu aquatique vers le milieu terrestre et vice-versa pour la ponte est donc un enjeu pour la survie des femelles adultes annuellement.
Comment on peut les aider à rester saines et sauves durant cette période ? En restant vigilant tout simplement! En voiture, à pied où en vélos sur des structures bordant, lac, rivières, étangs ou milieux humides on peut rester vigilant à la présence de tortues et ainsi bien réagir dans le cas de sa présence. On peut ainsi ralentir et la laisser poursuivre son chemin et avertir les autres automobilistes de sa présence par exemple. Dans un cas d’urgence immédiate, on peut l’aider à traverser, toujours dans la même direction où elle allait. Il est primordial de ne pas la remettre à l’eau ou la déplacer à un autre endroit. On peut aussi prendre une photo et signaler sa présence sur le site web www.carapace.ca.
Rappelons aussi que la tortue des bois qui est présente dans quelques rivières en Estrie et est désignée comme vulnérable par son statut provincial. Les populations ont subi un déclin récent et quelques-unes s’en remettent difficilement. La tortue des bois est particulièrement vulnérable aux blessures et mortalités sur les routes et par la machinerie agricole et forestière, notamment en raison de son caractère très terrestre. Comme c’est la plus terrestre de nos tortues au Québec, elle s’expose plus longuement à ces pressions que les autres espèces. De plus, la dégradation de son habitat n’aide pas sa cause ainsi que la présence de prédateur qui vont détruire les nids, par exemple le raton laveur! Malgré les efforts des organismes et acteurs locaux, la situation reste précaire pour plusieurs populations en Estrie. En effet, comme les tortues en général ont une croissance lente et une reproduction tardive, le rétablissement de ses populations prend plusieurs années… lorsqu’il est possible.
Cependant, il y a de l’espoir! La qualité des habitats est un élément essentiel dans le rétablissement des espèces en déclin et plusieurs organismes locaux travaillent au maintien et à la conservation de ces habitats de qualité. Il y a aussi plusieurs actions en cours pour mieux comprendre les menaces précises affectant nos tortues des bois pour mieux les corriger!
Nicolas Bousquet, biol.,
Coordonnateur de projets terrain
COJESAF
Tortue des bois.
Le passage du milieu aquatique vers le milieu terrestre et vice-versa pour la ponte est donc un enjeu pour la survie des femelles adultes annuellement.

Profile Dany Gagné

Profile Dany Gagné
un passionné de la nature et un membre de l’équipe des constructeurs de sentiers.
Dany a de nombreuses passions, dont la musique. On le voit ici lors de l’ouverture officielle de la plage Ethan, où Dany a su maintenir l’ambiance et le rythme.
Dany Gagné est un créatif qui se passionne pour l’environnement et la culture;
avide de nouveaux apprentissages, il creuse en profondeur, au sens propre et figuré. Avant de se joindre à la Fiducie de conservation Massawippi en 2018, Dany participait à un autre projet avec Matthew et Mahicans, deux bâtisseurs de sentiers comme lui; il était toujours ravi qu’on l’invite à travailler avec eux sur les rives du lac Massawippi.
Spécialisé dans la construction de ponts et le travail du bois, Dany adore travailler dans la forêt
en pleine nature. « Aménager des sentiers me rend heureux, nous dit-il, ça reflète mes valeurs. » Il est reconnaissant envers la Fiducie de conservation Massawippi de permettre à son équipe de prendre le temps de bien faire son travail. « Nous n’avons aucune concurrence dans la région, nous sommes les meilleurs!, lance-t-il à la blague. Nous pouvons prendre tout le temps nécessaire et nous avons l’équipement approprié pour aménager les plus beaux sentiers. » C’est un travail pour les gens passionnés, ajoute-t-il, un travail qui s’exécute lentement, mais qui prend tout son sens lorsque le concept du sentier se concrétise. Dany en est à sa 7e saison dans cette sphère d’activité.
Dany se réjouit de la biodiversité qui l’entoure et apprécie particulièrement la compagnie des animaux, du renard au hibou en passant par le pic-bois; il a vu des traces d’orignaux et des excréments d’ours, mais n’a pas encore eu la chance d’observer les animaux eux-mêmes. Les grandes étendues de terre, fait-il remarquer, permettent à ces animaux de migrer. Comme son équipe et lui construisent des sentiers sur des terres protégées, ils sont particulièrement conscients de la fragilité de l’écosystème.
« Si vous voulons permettre l’accès aux terres protégées, il faut concevoir les sentiers de sorte que les randonneurs ne s’en écartent pas et qu’ils endommagent le moins possible la nature. Plus nombreux sont les gens qui empruntent les sentiers, plus importants peuvent être les dommages. Nous devons donc penser les sentiers en conséquence. » Il faut aussi prendre en compte le drainage et l’érosion, et éviter les zones écologiques sensibles.
La construction de sentiers fait appel à de nombreuses compétences telles que la menuiserie, la manipulation de machines légères, la force physique, sans oublier la créativité car il faut être en mesure de s’adapter à l’environnement. Il est également utile d’avoir une connaissance des plantes et des écosystèmes, tout particulièrement si les sentiers sont construits sur nos terres protégées. Les constructeurs de sentiers qui travaillent pour la Fiducie doivent être respectueux de la faune et de la flore, et veiller à limiter tout dommage potentiel à l’environnement. Le fait que le gros du travail s’effectue manuellement permet à l’équipe de « ménager la terre ».
Dany a bien des cordes à son arc. Outre ses talents en construction de ponts et de sentiers, Dany s’y connaît bien en musique. C’est d’ailleurs lui qui a agi comme DJ à l’ouverture de la plage d’Ethan l’été dernier; il a apporté son propre équipement et a fait tourner un large éventail de pièces des débuts du jazz et du blues. Il a aussi participé à de nombreux événements culturels au fil des ans et a travaillé dans le domaine de la construction de même que dans le secteur agricole. Doté d’un sens inné de la communication, il joue une part active au sein de la collectivité et sait réunir les gens ayant les mêmes affinités.
Dany occupe une place importante dans l’équipe et nous sommes heureux de l’avoir à bord!