Quelques réflexions sur les choses à faire et ne pas faire en nature | Partie 3 : Nos compagnons de randonnée canins

Rédigé par Jessica Adams (coordonnatrice du programme éducatif)

Partie 1 : Honorer le sentier

Partie 2 : Les signes de la présence humaine

L’automne dernier, lors de l’une des premières visites scolaires dans les sentiers, nous nous sommes arrêtés à une intersection pour explorer et observer. Tout en tenant les élèves à l’œil et en écoutant leurs discussions animées, j’ai remarqué que deux personnes s’approchaient avec un chien non tenu en laisse.

Heureusement, j’ai eu le temps de m’approcher d’eux et de leur demander poliment d’attacher leur chien. J’ai expliqué que j’étais avec un groupe d’enfants devant et que nous demandons que tous les chiens demeurent en laisse. Je suis toujours mal à l’aise dans ce genre de situation, comme si je jouais malgré moi le rôle de police des sentiers, mais ma gêne s’est rapidement dissipée lorsque l’une des élèves s’est penchée vers moi et m’a demandé calmement « Ils n’ont pas vu les règlements quand ils sont arrivés au parc? »

Son commentaire m’a fait rire, mais il m’a aussi fait réfléchir à notre relation avec nos compagnons à quatre pattes et avec les espaces naturels que nous partageons. Les chiens sur les sentiers apportent de la joie à beaucoup de personnes, mais pour d’autres, leur présence peut être source d’inconfort. Tous n’ont pas non plus la même perception de la présence des chiens dans les endroits extérieurs et des responsabilités que cela implique.

Certains réseaux de sentiers interdisent totalement les chiens. D’autres, comme le nôtre, les accueillent à condition qu’ils demeurent en laisse. Le but n’est pas d’être hostile aux amoureux des chiens. L’idée est plutôt de trouver un équilibre entre l’accès et la conservation et de veiller à ce que tous les visiteurs, humains et non humains, puissent profiter de ces espaces en toute sécurité et dans le respect.

Ce troisième article de notre série sur les « choses à faire et ne pas faire en nature » poursuit la conversation sur les règles d’utilisation des sentiers et leur raison d’être. Avec l’augmentation du nombre d’humains (et d’animaux de compagnie) qui fréquentent la nature, il est important de réfléchir au « pourquoi » des règles afin de devenir des usagers et usagères plus avertis et de mieux protéger les écosystèmes que nous aimons.

Des rencontres surprises

Certains aspects des règles sur la tenue en laisse sont assez intuitifs – la sécurité, par exemple. Les chiens qui ne sont pas en laisse sont exposés à de plus grands risques, comme les porcs-épics, les tiques, les gros animaux sauvages ou les rencontres avec d’autres chiens. Les conséquences peuvent aller du simple désagrément à une situation dangereuse. Un chiot curieux peut s’attirer des ennuis rapidement. La laisse permet de réduire ce risque.

Il faut aussi penser à l’expérience des autres personnes. Même si je suis contente de rencontrer un chien enjoué sur le sentier, c’est différent lorsqu’un chien bondit vers moi sans que son maître soit visible. Et je suis une amoureuse des chiens! Mais je pense toujours aux personnes qui ne le sont pas, en particulier celles et ceux qui sont nerveux ou effrayés. Tout le monde a le droit de se sentir en sécurité sur le sentier, et tous n’interprètent pas l’enthousiasme canin de la même façon.

Dans le cadre de notre programme éducatif, nous guidons souvent des groupes scolaires dans ces sentiers. Au début de chaque sortie, je passe en revue les règlements et je rappelle aux élèves que lorsque nous voyons un chien, nous devons lui laisser de l’espace et le saluer de loin. J’explique que la rencontre d’un chien familier seul à seul est très différente de la rencontre d’un chien inconnu qui est entouré de vingt enfants agités. Même le chien le plus calme peut se sentir envahi ou réagir de façon imprévisible. Et comme nos programmes éducatifs sont en pleine expansion, la quantité de groupes d’élèves dans la forêt est appelée à augmenter. En tenant les chiens en laisse, nous assurons la sécurité de tous, qu’ils aient quatre pattes ou deux pattes.

L’aspect de la conservation

Même si nous demeurons toujours sur le sentier, le simple fait de traverser un milieu naturel a un effet. Le but n’est pas d’éliminer notre impact, car c’est impossible, mais plutôt d’en être conscient et de l’atténuer lorsque nous le pouvons. Tenir les chiens en laisse est l’un des moyens les plus faciles de le faire.

Les animaux sauvages évaluent en permanence les dangers qui les entourent. Pour eux, même le chien le plus doux est un prédateur. Un chien qui sort du sentier, qui aboie ou qui se déplace rapidement dans le sous-bois peut perturber la faune, interrompre l’alimentation ou la nidification, ou faire fuir un animal. Même sans contact direct, l’odeur laissée par un chien peut modifier le comportement des animaux.

Ces perturbations coûtent aux animaux l’énergie dont ils ont besoin pour survivre, en particulier au printemps et au début de l’été lorsque beaucoup d’entre eux élèvent leurs petits. Un seul moment peut sembler anodin, mais des perturbations répétées peuvent avoir de lourdes conséquences, en particulier pour les espèces déjà menacées.

En gardant les chiens sur les sentiers et en laisse, nous limitons leur présence et contribuons à la protection des écosystèmes locaux. C’est un petit geste qui a de grands effets.

Tout sur les crottes

On ne peut parler des chiens sur les sentiers sans parler des crottes. On pourrait croire que les déjections canines ne sont pas différentes des excréments des animaux sauvages, mais la réalité est plus complexe.

Les chiens ont un régime alimentaire riche en aliments transformés et en protéines qui n’ont rien à faire dans les écosystèmes forestiers. Leurs excréments peuvent contenir des agents pathogènes et des parasites nuisibles à la faune et à la flore. Ils apportent aussi une quantité excessive d’azote et de phosphore qui peut perturber la chimie du sol et la croissance des plantes.

Du point de vue des pédagogues, il est beaucoup plus enthousiasmant pour les enfants de trouver des signes de la vie sauvage comme des traces de renard, des excréments de chevreuil, peut-être même une plume ou un peu de fourrure. Une crotte de chien? Ce n’est pas tout à fait le même type d’apprentissage, surtout lorsqu’elle se retrouve sur une botte.

Une responsabilité collective

Lorsque nous nous promenons avec notre chien en laisse et que nous ramassons ses excréments, nous faisons plus que simplement respecter les règles du parc. Nous reconnaissons que notre présence a un impact et nous choisissons de le réduire. Nous participons à créer des espaces plus sécuritaires pour les autres. Nous protégeons les habitats des espèces sauvages. Et nous donnons le bon exemple aux enfants, aux autres marcheurs et aux autres propriétaires de chiens.

Bref, en étant un propriétaire de chien attentionné :

  • Nous respectons la sécurité et le confort de tous les usagers des sentiers 
  • Nous protégeons nos chiens des dangers évitables 
  • Nous réduisons le stress et les perturbations pour la faune et la flore 
  • Nous prévenons la propagation des maladies et les déséquilibres en nutriments

 

  • Nous contribuons à l’établissement d’une éthique commune de la protection des milieux naturels 

Le but n’est pas de décourager la présence des chiens sur les sentiers, loin de là. Nous sommes ravis que les gens veuillent partager cette expérience avec leur compagnon. Mais comme tout privilège, le fait d’amener un chien dans un lieu protégé s’accompagne de responsabilités. Lorsque nous tenons notre chien en laisse, que nous ramassons ses crottes et que nous nous promenons en tout respect des lieux, nous ne sommes pas que des visiteurs. Nous participons à un plus vaste effort pour faire en sorte que ces écosystèmes demeurent vigoureux, résilients et accueillants pour les générations futures.