La « forêt nourricière »… en quoi diffère-t-elle de la forêt?
La « forêt nourricière »… en quoi diffère-t-elle de la forêt?
Pour vous en parler, nous nous sommes renseignés notamment auprès de Gérald Le Gal et de sa fille Ariane Paré-Le Gal, des spécialistes de la nourriture sauvage1. Leur ami de longue date, Patrick Garcia, est devenu notre ami. Il s’y connaît lui aussi en matière de cueillette de plantes comestibles sauvages.
Depuis toujours, l’homme a besoin de son environnement naturel pour se nourrir. Qu’on songe aux communautés autochtones pour qui la recherche de nourriture dans la nature n’a rien de secret.
Une forêt nourricière (aussi appelée un « jardin-forêt ») est un milieu aménagé selon le modèle de la forêt naturelle et qui a la particularité d’être composée d’espèces comestibles. Les forêts sont traversées de ruisseaux et rivières; les forêts nourricières doivent être arrosées et nécessitent l’intervention de l’homme.
L’un des pionniers de la foresterie nourricière en climat tempéré occidental se nomme Robert Hart2. Ses débuts remontent à 1960, lorsqu’il a constaté que son exploitation agricole ne donnait pas les résultats escomptés et que les végétaux y poussaient moins bien que dans la forêt naturelle. Au fil du temps, il a donc élaboré ses propres méthodes et théories, qui ont par la suite été mises à profit par Martin Crawford2 et l’organisme Agroforestry Research Trust. Les jardins-forêts gagnent en popularité dans le cadre de la permaculture; on les trouve maintenant un peu partout dans les pays au climat tempéré.
L’aménagement d’une forêt nourricière repose sur le concept des strates; on en compte généralement sept ou huit.
Les sept strates du jardin-forêt
1. Canopée (gros arbres fruitiers et à noix)
2. Petits arbres (arbres fruitiers nains)
3. Arbustes (groseilles et autres petits fruits)
4. Herbacées
5. Sol de surface (couverture végétale)
6. Rhizosphère (racines)
7. Grimpantes et lianes
Une forêt nourricière bien gérée produit des fruits, des noix, des herbes et des légumes près de chez soi, ce qui contribue à réduire les émissions de CO2. Une fois établie, elle ne nécessite que très peu d’énergie artificielle, aucun engrais ou pesticide chimique et un minimum de travail. Robert Hart suggère toutefois d’exercer une surveillance quotidienne et de couper les plantes qui tentent d’empiéter les unes sur les autres. Il faut aussi veiller à couvrir le sol de paillis pour assurer la santé du sol et des organismes qu’il contient. Comme dans une forêt naturelle, les arbres d’une forêt nourricière contribuent à stocker le CO2. À mesure que les arbres poussent, la quantité de carbone retenue dans la terre augmente pourvu que le sol ne soit pas perturbé.
Grâce au modèle de dame Nature, nous apprenons à produire des aliments dans de meilleures conditions de culture. Ces jardins peuvent être aménagés n’importe où, que ce soit à la campagne, dans une cour arrière ou en milieu urbain. Ils permettent de cultiver des arbres et des arbustes comestibles et utiles. Le concept peut même être adapté à de petits espaces tels que les balcons!
Balado pour en savoir plus sur le fondateur de l’entreprise Gourmet Sauvage : https://acpfnl.ca/podcast-012/
2 Robert Hart décrit les forêts nourricières dans cette vidéo (en anglais). Son livre : Forest Gardening: Rediscovering Nature and Community in a Post-Industrial Age
3 Martin Crawford a écrit plusieurs livres dont celui-ci : La Forêt-jardin : créer une forêt comestible en permaculture pour retrouver autonomie et abondance. Vidéo : A Walk in Martin Crawford’s Forest Garden.
4 Site Web créé par Graham Burnett et proposant des conseils pratiques et des explications de même que des produits à acheter : https://spiralseed.co.uk/making-forest-garden/
5 Dessin du Jardin forêt https://www.laforetnourriciere.org/les-7-strates-du-jardin-foret/
6 Une autre ressource Québécoise : https://notrevraienature.com/2019/03/01/la-foret-nourriciere-modele-de-permaculture-par-excellence/