PROFITEZ DE LA NATURE SUR LA POINTE DES PIEDS AVEC LE CODE SANS TRACE

Par Marie-José Auclair, présidente du conseil d’administration de Corridor appalachien

Bien que la randonnée soit une activité douce pour l’environnement, nos comportements lors de sa pratique peuvent parfois être dévastateurs et engendrer des impacts permanents sur la flore et la faune. Déchets divers, feux dans des zones interdites, toilettes improvisées sous les buissons, randonneurs trop bruyants : tous ces irritants peuvent malheureusement nuire aux milieux naturels et gâcher l’expérience de contact intime avec la nature. Les principes du programme Sans Trace (www.sanstrace.ca) proposent un code d’éthique du plein air adopté par plus de 90 pays et qui suggère des comportements à adopter dans la pratique de nos activités à pied, à vélo, en ski ou en kayak, afin de laisser les milieux naturels intacts.
Corridor appalachien encourage l’adoption du code Sans trace qui repose sur les sept principes suivants :
• Planifier soigneusement sa sortie et se préparer face aux imprévus afin de vivre une expérience sécuritaire et divertissante;
• Pour éviter les dommages à la végétation et limiter l’érosion, se déplacer uniquement dans les sentiers et sur les surfaces durables et camper dans les sites désignés;
• Disposer adéquatement des déchets et ne laisser aucun détritus;
• Laisser intact ce que vous découvrez afin que les autres puissent le découvrir aussi;
• Minimiser l’impact des feux de camp et utiliser préférablement un réchaud;
• Respecter la vie sauvage et éviter le dérangement des animaux, surtout durant les périodes délicates de reproduction, de nidification ou lors de l’élevage des petits;
• Respecter les autres visiteurs en évitant le bruit excessif, les animaux sans laisse et les dommages à l’environnement, afin que chacun puisse apprécier l’aventure.

Reproduit avec permission de Corridor Appalachien, notre partenaire dans la conservation. 

Allons jouer dehors!

On entend souvent dire que les enfants passent trop de temps à l’intérieur ou devant les écrans (téléphone, tablette, ordinateur, télévision). À ce propos, connaissez-vous le syndrome du manque de nature?

Il fut une époque où les parents disaient à leurs enfants de rester dehors jusqu’à ce que les lumières de la rue s’allument, où les enfants jouaient au hockey dans la rue ou dans leur cour arrière ou encore se rendaient à pied au petit dépanneur du coin. Or, des études récentes révèlent que les enfants souffrent aujourd’hui d’un manque d’activités en plein air.

Comment ferons-nous pour que les enfants, les futurs gardiens de l’environnement et de la planète, soient à la hauteur de la tâche? Eh bien, dès leur plus jeune âge, nous devons les exposer à la nature, et faire ainsi appel à leur curiosité naturelle.

Les enfants ont un lien inné avec la nature. Qu’ils soient assis sur l’herbe, la plage ou le bord du trottoir, ou qu’ils fassent flotter des feuilles ou des petits bouts de bois dans les rigoles formées par l’eau de pluie, ils se sentent naturellement bien dehors. Ils sautent à pieds joints dans les flaques d’eau… au grand dam de leurs enseignants ou de leurs parents! Après tout, quoi de plus amusant que de marcher dans la boue pour le seul plaisir de sentir ses chaussures s’y enfoncer et d’entendre le bruit rigolo qu’elles font en les dégageant!

Le temps passé dans la nature est apaisant.

L’initiation à l’environnement contribue grandement à la création

L’initiation à l’environnement contribue grandement à la création de liens solides avec la nature et le milieu environnant de même qu’à l’adoption d’attitudes positives à l’égard de la terre qui nous héberge. Il est essentiel de fournir aux enfants l’occasion de se lier au monde naturel et de susciter chez eux une affinité avec l’environnement. En aménageant des sentiers dans le village de North Hatley (au parc Scowen) et dans la montagne de Sainte-Catherine-de-Hatley, la Fiducie Massawippi a donné au public le privilège de se promener dans la nature à l’état sauvage. Témoignages après témoignages, les randonneurs ne tarissent pas d’éloges sur leur expérience positive.

Les sorties extérieures avec l’école, la famille ou les amis procurent aux enfants à la fois une expérience santé et les avantages de l’activité physique sans compter qu’elles améliorent leurs habiletés cognitives. Les enfants sont dès lors plus aptes à donner le meilleur d’eux-mêmes et sont moins exposés aux risques liés au stress et à l’anxiété. On a même pu établir un lien entre le fait de passer du temps dans la nature pendant l’enfance et l’adoption d’attitudes et de comportements écologiques à l’âge adulte.

Plusieurs facteurs façonnent la réalité d’aujourd’hui. Souvent, les deux parents travaillent et parfois ils occupent plus d’un emploi chacun. Les enfants ont un horaire chargé et ont moins de temps libre pour jouer. On craint aussi pour la sécurité des enfants, surtout dans les milieux considérés comme peu sûrs. « Et si mon enfant était blessé, ou pire? » Par ailleurs, comme de plus en plus de gens vivent dans les villes, les enfants ont moins accès à la nature. En 2021, près de trois Canadiens sur quatre vivaient dans un grand centre urbain de plus de 100 000 habitants (Statistique Canada, 9 février 2022, www150.statcan.gc.ca). La race, l’origine ethnique et la situation socio-économique peuvent aussi avoir une incidence sur l’accès d’un enfant à la nature.

Selon une étude menée par Balmford, Clegg, Coulson, and Taylor (2002), les enfants de huit ans ont plus de facilité à identifier des personnages Pokémon qu’à reconnaître des spécimens de la flore ou de la faune locales.

Si l’on veut assurer l’avenir de l’environnement et de notre monde, il faut exposer les enfants à la nature afin qu’ils apprennent à l’aimer et non à la craindre. « Ce qui est important, c’est de donner aux enfants la possibilité de se rapprocher de la nature, d’apprendre à l’aimer et à s’y sentir bien, avant de leur demander de soigner ses blessures. » (Sobel, 1996, Beyond ecophobia: Reclaiming the heart in nature education. Great Barrington, MA: Orion Society.)

Comme l’a si bien dit Jacques Cousteau, « les gens protègent ce qu’ils aiment ». En allant dehors, nous façonnerons des liens plus profonds avec l’environnement et la conservation, ce qui contribuera à faire grandir l’amour dans nos cœurs.
Certes, toute cette information peut être rebutante, voire décourageante, mais sachons que chacun de nous a la capacité d’entraîner de grands changements par des gestes bien simples. Que ce soit marcher dans les bois, prendre le temps d’admirer la beauté qui nous entoure ou encore poser de vraiment bonnes questions (même si la réponse n’est pas évidente), puis répéter ce qui précède encore et encore. La Fondation Massawippi espère sincèrement que ses sentiers fassent partie intégrante de ce cheminement vers le changement tant au sein de votre famille qu’au sein de la collectivité dans son ensemble.

Remontons dans le temps pour retracer les pistes Skiwippi !

Suite à notre article sur la piste de ski de fond des Quatre-Vallons le mois dernier, entretenu par Mr. Gilbert Beaupré, nous vous partageons maintenant un morceau d’histoire dont plusieurs se souviendront avec affection : l’ancienne piste de ski de fond Skiwippi.

Le Skiwippi, sentier d’une longueur de 33 km (20 miles), partait de l’Auberge Hatley (Robert and Lilian Gagnon), traversait le Manoir Hovey (Stephen and Kathryn Stafford) puis rejoignait l’hôtel Ripplecove (Jeffrey and Debra Stafford). C’était lors des années 1980, alors que la pratique du ski de fond gagnait en popularité. Herman Smith-Johannsen (1875-1987), connu aussi sous le surnom de « Jackrabbit », est responsable de l’arrivé de ce sport au Canada. Originaire de Norvège, ce pionnier nord-américain a passé sa vie à promouvoir le ski de fond. C’est fort probablement ce qui explique sa grande longévité : il est mort à l’âge vénérable de 111 ans.

En 1985, trois des grands hôtels estriens se sont rassemblés afin d’offrir une luxueuse expérience hors du commun combinant ski, repas et hébergement. Le gouvernement provincial reconnaissait ce forfait comme une première dans le monde coopératif. Ce concept, récipiendaire de prix, a été un franc succès autant auprès des touristes que des résident.es.

Les clients avaient la chance de skier d’un bout à l’autre du lac. Le forfait incluait six nuitées dans les luxueux hôtels, ainsi que six déjeuners et les soupers copieux.

Lors d’une entrevue, M. Stephen Stafford a déclaré que les gens adoraient le concept et que plusieurs clients ont fréquenté son établissement grâce à l’énorme publicité engendrée par le forfait Skiwippi.

Des articles ont été publiés dans :

Le sentier gratuit était accessible à tous et non seulement aux invités des hôtels. En plus d’assurer conjointement les frais d’entretien, les trois établissements s’occupaient du droit de passage avec les propriétaires des terres.

Le Refuge Les Sommets, une base de plein air située au bout du chemin des Sommets à Sainte-Catherine-de-Hatley, s’ajoutait parmi les haltes. La vue était spectaculaire, tout comme le dîner et l’hospitalité de madame Juliette Deland. Parmi les repas chauds servis, l’on retrouvait des spécialités québécoises comme les ragoûts, les tourtières, ainsi que « la meilleure soupe aux pois » aux dires de Stephen Stafford.

Michael Greyson, un natif de North Hatley, se souvient très bien de Mme Juliette : une vieille dame aux cheveux gris, de petite stature et qui, tout en s’occupant de la cuisine, gérait une salle à manger régulièrement remplie de scouts, de louveteaux et de Guides (« girls guide »).

Michael garde un précieux souvenir de ses sorties sur la piste. Il skiait le long du champ de vaches Highland (vaches d’origine écossaise à la fourrure épaisse), puis s’arrêtait au Manoir Hovey pour une boisson chaude, pour finalement terminer son périple en descendant vers le lac Massawippi. Le sentier représentait tout un défi. Parsemé de collines, il fallait avoir confiance en ses habiletés de skieur.

« Après la bonne montée de North Hatley vers Katevale, on faisait souvent un court détour par les sentiers de M. Beaupré. Puis, on avait beaucoup de plaisir à dévaler la pente. Notre récompense était un bon grog au rhum qu’on buvait auprès du foyer au bar du Manoir Hovey. Cela serait vraiment formidable si le Skiwippi pouvait renaître. Plusieurs skieurs l’adoraient. »

—Michael Grayson

L’extrémité sud du sentier se situait au village d’Ayer’s Cliff. Pour y accéder, il fallait skier sur le lac gelé. La vue était de toute beauté. L’hospitalité était un mélange des cultures et traditions anglophone et francophone des Cantons-de-l’Est.

L’Auberge Hatley et le Refuge des Sommets sont tous deux disparus. Toutefois, quelques sections du sentier sont encore accessibles au public. Il suffit d’emprunter le sentier des Quatre Vallons, qui lui-même croise le sentier Massawippi.

Aujourd’hui, le ski de fond connait un nouvel essor. Les gens redécouvrent les joies et les bénéfices du plein air. Quelle chance nous avons d’avoir accès à des pistes directement dans notre cours : il suffit d’en profiter!

Juliette Martin Deland
propriétarie de la base de plein air
 » Camp les Sommets « 

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An old sign, left over from the Skiwippi Trail, still visible today on the Massawippi trail.

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sun-sentinel
LA Times Dec. 1990
NY Times