Comme le dit si bien Jacques Cousteau, « on protège ce qu’on aime », et c’est ce que Margot Graham Heyerhoff fait avec brio.
Margot s’est installée avec sa famille dans la vallée Massawippi en 2002, mais son attachement à la région remonte aux années 1970 alors qu’elle fréquentait l’université et travaillait.
Discrète et passionnée, Margot a joué un rôle de premier plan dans la création de la Fondation Massawippi, dont elle est cofondatrice. Aujourd’hui, environ 1 200 acres sont protégées à perpétuité par la Fiducie de conservation Massawippi. Les terres sont évaluées à plus de 4,3 millions de dollars et la Fondation a recueilli plus de cinq millions de dollars. Au cours des dix dernières années, Margot a occupé simultanément les fonctions de présidente et de directrice générale bénévole par intérim (ce qu’on nomme « leader au service des autres »). Aujourd’hui, Margot est présidente de la Fondation et administratrice de la Fiducie.
La zone protégée occupe le bassin versant du lac Massawippi, situé dans les Cantons de l’Est. Elle contient des forêts encore intactes d’une grande richesse écologique. En 2010, durant le congé de l’Action de grâce, Margot et un petit groupe se sont réunis pour discuter de la menace imminente que représentait le développement de la magnifique montagne du côté ouest du lac. David Rittenhouse, présent à cette rencontre, est tout de suite passé des paroles aux actes en entamant des recherches sur la marche à suivre pour créer une fiducie de conservation et une fondation communautaire.
Et c’est après avoir rencontré David par hasard au dépanneur local que Margot a décidé elle aussi de mettre la main à la pâte. Durant l’été 2011, ils sont donc allés de porte en porte pour solliciter des fonds qui seraient affectés à l’achat de terres et pour expliquer les objectifs des organisations sœurs. Le travail de David est d’autant plus méritoire qu’il souffrait alors d’un cancer avancé; la veille de son décès, en août de la même année, Margot avait pu lui rendre visite et lui avait alors promis que les autres fondateurs poursuivraient le travail qu’il avait commencé à titre de premier directeur général de la Fondation.
Depuis lors, Margot a répertorié les propriétés intéressantes, participé à la cession ou à la vente de certaines d’entre elles et réuni les fiduciaires et les propriétaires à la même table pour signer les transferts de propriété, une tâche que Margot compare à celle de rassembler des chats. Elle-même une donatrice principale, Margot a aussi contribué à la collecte de fonds pour l’acquisition de propriétés et la construction de sentiers. Porte-parole et pédagogue dans l’âme, Margot a prononcé des allocutions, écrit personnellement des centaines de notes de remerciement, organisé quantité d’activités de financement et a même prêté sa maison en échange de dons au lieu d’un loyer. Comme elle est une autorité très respectée en matière de conservation dans la région, on lui demande régulièrement conseil sur la manière d’établir une fiducie foncière.
Margot et l’ensemble du conseil d’administration estiment qu’il est important que tout le monde ait accès à la nature, profite de la forêt et puisse s’y promener librement. Il n’est donc pas étonnant qu’en peu de temps un réseau de sentiers ait été aménagé sur deux des terrains acquis. Comme le dit Margot Graham Heyerhoff, « nous ne voulions pas que les gens ne puissent admirer cette montagne verte d’une beauté incroyable que de loin, en conduisant sur la route 143, nous voulions leur permettre de faire l’expérience de la conservation en étant « à l’intérieur » de ces forêts protégées ». Leur vision s’est révélée d’autant plus salutaire qu’au cours des deux dernières années, alors que la pandémie faisait rage autour de nous, jamais autant de promeneurs ne sont venus parcourir nos sentiers pour se ressourcer et prendre soin de leur santé tant physique que mentale.
Mentionnons par ailleurs que la Fiducie Massawippi fait partie du groupe parapluie Corridor appalachien. Les biologistes et spécialistes de cette organisation ont recensé les propriétés de première importance qui relient les corridors fauniques allant des États-Unis au Québec et aux provinces de l’Atlantique. Margot s’investit sans compter pour que les parcelles dépendantes de terrains soient reliées entre elles, car elle est convaincue que cela entraînera des répercussions positives sur la faune et la flore.
Outre ses fonctions au sein de la Fondation à titre de présidente du conseil d’administration, de directrice générale par intérim et de présidente de la Fondation, Margot siège au comité des subventions, au comité des collectes de fonds et, maintenant, aux deux nouveaux comités que sont celui de l’éducation et celui de l’agriculture.
« En adéquation avec notre ambition de favoriser la santé écologique et la prospérité de la vallée du lac Massawippi, nous explique Margot, nous avons l’intention d’élargir nos efforts de conservation pour nous intéresser non seulement à nos riches forêts, mais aussi à d’autres types de terres essentielles sur le plan écologique. La Fondation Massawippi et la Fiducie de conservation Massawippi adhèrent au mouvement mondial vers une amélioration de la résilience de l’écosystème agricole aux fins d’une production agricole durable. L’utilisation de nos terres fait partie intégrante de notre stratégie de conservation; nous préconisons le recours à des pratiques agricoles agroenvironnementales susceptibles de préserver la santé de nos sols, l’emploi de moyens pour préserver la biodiversité des insectes et des oiseaux ainsi que l’emploi de moyens pour protéger les cours d’eau dans le souci d’améliorer la santé de notre lac, des exploitations agricoles et de leurs produits et, en fin de compte, la qualité de vie des résidants. »
La nouvelle décennie maintenant bien entamée, la Fondation Massawippi élargit son mandat pour y ajouter des programmes éducatifs à l’intention des élèves de la région, des familles et des adultes. Elle se joint aussi au mouvement d’agriculture régénératrice et commanditera une bourse de recherche qui servira à localiser les points chauds du territoire où les exploitations agricoles contribuent à la pollution. En collaboration avec les organisations locales, la Fondation fera la promotion de nouvelles techniques agricoles, qui sont en fait d’anciennes techniques tombées en désuétude, mais qui sont moins invasives et peuvent contribuer à améliorer la qualité du sol, les cultures, les revenus des agriculteurs et l’environnement.
Depuis qu’elle a quitté la ville pour s’installer dans les Cantons de l’Est, Margot s’est profondément attachée à son milieu, comme en témoigne son grand dévouement pour la Fondation Massawippi et la Fiducie de conservation Massawippi. Sa passion pour ce coin de pays l’a amenée à acquérir de solides connaissances en environnement et en conservation. Margot est dotée d’une grande créativité (elle est designer et artiste) et d’une imagination débordante qu’elle applique à toutes sortes de projets, dont plusieurs d’ailleurs ont été concrétisés.