Les signes annonciateurs du printemps
Écrit par Jessica Adams (Nature Nerding)
Temps de lecture : 5-6 minutes
Chaque transition de saison a ses propres particularités, mais la plus attendue est sans doute celle qui nous transporte de l’hiver au printemps. Après des mois de froid, de neige et de soleil éphémère, il n’y a rien de tel que l’exaltation que l’on ressent à l’arrivée du printemps.
Des signes subtils commencent à apparaître au milieu de l’hiver… mais quels sont les indices qui annoncent que le changement est réellement en marche? Les jours rallongent, les températures augmentent… et la nature réplique en déployant une multitude de signes et de transformations qui nous confirment que le printemps bat bel et bien son plein. Ce mois-ci, nous vous invitons à ralentir le rythme pour remarquer, et peut-être même découvrir, certains classiques du printemps.
Lorsque j’étais enfant, je me souviens d’une certaine période de l’année où la forêt se remplissait soudainement de « mares ». C’était un moment extraordinaire, car les possibilités de jeu et d’exploration se multipliaient! Ce que je ne savais pas, en revanche, c’était l’importance de ces habitats éphémères pour l’écosystème.
Les mares printanières, ou éphémères, sont de petits plans d’eau douce qui se forment naturellement dans les dépressions de la forêt grâce à la pluie et à la fonte des neiges. Bien qu’ils soient temporaires, ces habitats humides saisonniers sont essentiels à une grande variété d’espèces. Ces mares ont notamment la particularité de ne pas abriter certains prédateurs, tels que les poissons, car elles sont isolées des autres plans d’eau. Ainsi, les grenouilles, les salamandres et les crevettes éphémères comptent sur ces havres de paix pour compléter leur cycle de vie avec un risque nettement moins élevé de se faire dévorer leurs œufs ou de se faire dévorer à d’autres stades de vie.
Selon Conservation de la nature Canada, les mares éphémères sont menacées. Bien que le caractère saisonnier de ces habitats ait toujours impliqué une certaine imprévisibilité, des facteurs comme le changement climatique et la perte et la dégradation de l’habitat nuisent à leur viabilité. Certaines mares ne dureront pas aussi longtemps ou n’atteindront pas une taille aussi importante qu’à l’habitude ou, dans certains cas, ne se formeront carrément pas en raison de changements dans les précipitations ou le paysage. Les espèces dépendantes de ces mares pourront donc souffrir d’une compétition accrue pour les ressources ou d’un manque d’espace (lorsque les mares sont plus petites) ou n’auront simplement pas assez de temps pour compléter leur cycle de vie (lorsque les mares durent moins longtemps).
Invitation – L’une des plus belles choses de la nature, c’est le fait que chaque élément d’un système, aussi insignifiant qu’il puisse paraître pour un œil non averti, possède sa fonction. Les mares printanières ne font pas exception. Ce printemps, alors que la neige cède sa place à la litière de feuilles humides et à la boue, essayez de remarquer la formation de mares éphémères dans les forêts que vous fréquentez. Arrêtez-vous et tentez de repérer les petites bestioles qui les habitent normalement. Songez au fait que vous êtes en train d’observer un monde temporaire et qu’il disparaîtra dans quelques semaines, non sans avoir d’abord joué un rôle essentiel dans l’écosystème environnant.
LE CHOU PUANT – UN VÉRITABLE PIONNIER BOTANIQUE
La plupart des plantes à fleurs attendent que la menace de la neige soit plus ou moins passée avant de fleurir, mais l’une de nos plantes locales a autre chose en tête. Désireuse de revendiquer sa place dans les zones les plus humides du sol forestier, cette plante émerge tranquillement du sol encore gelé…
L’une des rares plantes capables de thermogenèse, le chou puant peut pousser et se développer dans des conditions très enneigées. La fleur absorbe l’oxygène et le transforme en chaleur, ce qui fait fondre la neige autour de la plante, protège les cellules de la plante du gel et fournit un micro-environnement favorable au développement de ses fleurs.
Tout ça, c’est vraiment cool. Mais pourquoi la plante fait-elle cela? Quel est l’avantage de se pointer le bout du nez si tôt, surtout lorsqu’il reste encore de la neige à affronter? Tout simplement parce que le chou puant exploite un créneau qu’il est le seul à occuper. Il ne ressemble peut-être pas à une plante à fleurs classique, mais ses fleurs sont l’une des premières sources de nourriture disponibles pour les pollinisateurs. Son nom lui vient de l’odeur âcre qu’il émet, censée ressembler à celle de la chair en décomposition. Le chou puant attire principalement les mouches et les moucherons. D’autres insectes, tels que les coléoptères et les abeilles, peuvent toutefois aussi visiter la plante, soit parce qu’elle constitue une source de nourriture rare à ce temps de l’année, soit, selon certaines hypothèses, parce qu’elle est chaude.
Invitation – À un moment de l’année où de nombreuses autres espèces se font discrètes, attendant des conditions plus favorables, le chou puant remet en question ce que nous pensons savoir sur la saison de croissance dans notre climat. Je vous encourage à vous fixer pour objectif de repérer le chou puant dans une zone boisée humide près de chez vous. Hormis sa capacité à servir de chaufferette, la plante possède vraiment une fleur étonnante. Apportez une loupe avec vous – que pouvez-vous apprendre en l’observant attentivement, en faisant appel à tous vous sens?
LES SONS DU PRINTEMPS – UNE SYMPHONIE MULTI-ESPÈCES
- Une cacophonie d’oisillons et de trilles d’oiseaux jaillissant des roseaux dans le soleil du matin
- Un sifflement et un bruissement dans le vent au-dessus de la tête alors que le ciel s’assombrit lentement
- Un gloussement solitaire, presque hésitant, dans l’air doux de la nuit, suivi d’un chœur retentissant de croassements
Bien sûr, les sons que nous associons au printemps dépendent des habitats qui nous entourent, de ceux qui les occupent et du moment précis du printemps auquel nous choisissons de nous intéresser. Et même dans ce cas, la composition exacte peut varier en fonction du jour, de l’heure, de la météo et de bien d’autres choses.
Le printemps est une période d’éveil, de retour au bercail et de préparation. La nature est en pleine effervescence. Les disputes de territoires, la recherche de nourriture, la séduction des partenaires – chaque activité a un son qui lui est propre. À quoi ressemble la bande sonore du printemps autour de chez vous?
Invitation – Les oiseaux et les amphibiens sont deux taxons qui occupent une place centrale dans la bande sonore du printemps. Qui remarquez-vous dans votre environnement? Vous trouverez ci-dessous une liste d’espèces que vous entendrez peut-être ce printemps. Cliquez sur chaque lien, écoutez attentivement l’enregistrement et voyez si vous pouvez détecter leurs sons dans le chœur en constante évolution tout au long des mois d’avril et de mai.
2. Merle d’Amérique
3. Gélinotte huppée (perdrix)
4. Bécasse d’Amérique
5. Bécassine de Wilson
6. Grenouille des bois
7. Rainette crucifère
8. Crapaud d’Amérique
Il peut être difficile au début d’apprendre à reconnaître une espèce par un son, et c’est pourquoi je recommande d’y aller une espèce à la fois. Vous pourriez tenir un journal dans lequel vous ne décrivez pas seulement le son, mais aussi le moment (date et heure) et l’endroit où vous l’entendez. Ainsi, vous pourrez le replacer dans son contexte et observer tout changement au cours de la saison. En plus, si vous tenez un journal cette année, vous pourrez le comparer avec vos notes l’an prochain!
Nous sommes parfois tellement obnubilés par l’arrivée de l’été que nous oublions de profiter du printemps. Considérez ceci comme une invitation à ralentir plus qu’à l’habitude ce printemps et à vous imprégner de tous les signes du réveil de la nature.
Enrichissez votre vocabulaire de la nature
À partir du texte, faites des recherches sur le Web pour enrichir votre vocabulaire et essayez d’utiliser ces termes la prochaine fois que vous serez en nature et que vous ferez des observations par vous-même ou avec des amis!
- Mare printanière
- Crevette éphémère
- Thermogenèse
- Créneau
- Taxon
Références
– Naturally Curious: A Photographic Field Guide and Month-by-Month Journey through the Fields, Woods, and Marshes of New England par Mary Holland
– Maine Department of Environmental Protection – Fact Sheet Vernal Pools: A Significant Wildlife Habitat
– Nature Conservancy of Canada – Vernal pools (Part One)
– National Wildlife Federation – Skunk Cabbage
– University of Wisconsin-Madison, Wisconsin Horticulture – Skunk cabbage, Symplocarpus foetidus