Les tortues et la Tomifobia

Chaque printemps, lorsque les températures commencent à se réchauffer, les tortues s’activent ce qui nous permet de bien les voir. En effet, comme ses dernières sont des animaux à sang-froid, elles vont chercher à optimiser leur métabolisme en trouvant de la chaleur. On peut donc voir des tortues bien exposées au soleil sur des bancs de sable en bordure de rivière ou bien sur des branches émergentes de l’eau.

Rapidement, va venir la saison de ponte, vers la fin mai et au moins de juin. Les femelles adultes vont donc se mettre à risque pour trouver un site de ponte intéressant. Idéalement, elles vont chercher un site naturel composé de sable et/ou de gravier en bordure de la rivière ou du plan d’eau où elles résident. Il arrive parfois que les femelles adultes de plusieurs espèces, notamment la tortue serpentine, la tortue peinte et la tortue des bois (espèces présentes dans notre secteur) vont rechercher des sites de ponte en bordure de route, de sentier ou même dans des sablières actives. Évidemment ce comportement les met à haut risque de mortalité lors de collision avec des voitures ou de la machinerie. C’est d’ailleurs une cause importante de mortalité chez les tortues, n’aidant pas à maintenir des populations en bonne santé. 

Comment on peut les aider à rester saines et sauves durant cette période ? En restant vigilant tout simplement! En voiture, à pied ou en vélos sur des structures bordant, lac, rivières, étangs ou milieux humides on peut rester vigilant à la présence de tortues et ainsi bien réagir dans le cas de sa présence. On peut ainsi ralentir et la laisser poursuivre son chemin et avertir les autres automobilistes de sa présence par exemple. Dans un cas d’urgence immédiate, on peut l’aider à traverser, toujours dans la même direction où elle allait. Il est primordial de ne pas la remettre à l’eau ou la déplacer à un autre endroit. On peut aussi prendre une photo et signaler sa présence sur le site web www.carapace.ca. Signaler les tortues au projet carapace.ca est particulièrement important pour les intervenants du milieu qui peuvent ainsi découvrir et mieux connaitre les secteurs problématiques. Cela donne aussi plus de données et de poids pour convaincre les autorités lorsque des aménagements doivent être envisagés. 

 

Plusieurs espèces de tortues sont en effet en difficulté au Québec, c’est notamment le cas de la tortue des bois qui est désignée vulnérable. Plusieurs facteurs sont en cause, notamment les mortalités causées par de la machinerie ou les voitures, mais aussi en raison de la destruction ou la modification de son habitat, la forte prédation et malheureusement par la collecte d’individus pour la revente ou la garde en captivité. 

C’est d’ailleurs le cas de la population de la rivière Tomifobia, qui malgré un habitat de qualité, son effectif reste faible. Nous suspectons que les mortalités occasionnelles de natures anthropiques causées par les voitures, mais principalement par la machinerie agricole combinée au faible recrutement des jeunes expliqué par la forte prédation des nids sont des facteurs qui pourraient expliquer le faible effectif actuel de la population de la rivière Tomifobia. L’équipe du COGESAF a donc un projet en cours afin de mieux comprendre cette dynamique et proposer des solutions pour réduire le risque de mortalités, principalement pour les femelles adultes.

Un volet de ce projet est de suivre les déplacements de cinq tortues munies d’un émetteur radio et d’un capteur GPS nous permettant d’avoir un suivi quotidien sur leurs déplacements. Nous constatons avec les données préliminaires que nos tortues traversent effectivement routes et champs exploités, rendant ces dernières susceptibles aux collisions.

On peut rester positif quant au sort de la population de la rivière Tomifobia, car plusieurs organismes de conservation y travaillent depuis quelques années! De plus, comme mentionné, l’habitat de cette population est de qualité. Nous proposerons aux producteurs agricoles concernés de lever la hauteur de fauche à 10 cm pour permettre de réduire le risque de mortalité pour cette espèce vulnérable. On vous suggère aussi de garder l’œil ouvert et restez vigilants lors de vos déplacements en voiture dans ce secteur!

 

Nicolas Bousquet, biol.,

Coordonnateur de projets terrain

 

5182, boul Bourque

Sherbrooke (Québec) J1N 1H4

Tél. 819-864-1033 poste 103

www.cogesaf.qc.ca