infolettre de mars 2021

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Infolettre mars

 

Corridor appalachien notre partenaire dans la conservation.

La Fiducie de conservation Massawippi (FCM) a été considérablement active au cours des dernières années pour la protection des milieux naturels de son territoire, et plus particulièrement au sein du noyau de conservation identifié sur la rive ouest du lac Massawippi. Sur un noyau d’habitat naturel d’une superficie de 1 200 hectares, 36,7 % des milieux naturels sont protégés à perpétuité grâce au travail de la FCM. C’est remarquable!

Pour réaliser ces importants gains écologiques, FCM œuvre depuis plus de dix années en concert avec Corridor appalachien. De ses bureaux à Eastman, l’équipe multidisciplinaire de professionnels offre à ses 17 membres affiliés un éventail de services pour la mise en œuvre d’actions de conservation sur son territoire d’action qui s’étend de Granby jusqu’à Sherbrooke et au sud jusqu’à la frontière Canado-américaine. Depuis les 18 dernières années, Corridor appalachien et ses partenaires ont protégé 14 619 hectares sur notre riche et précieux territoire régional!

Entre autres, lorsque la FCM souhaite faire l’acquisition d’un terrain pour des fins de conservation à perpétuité, l’équipe de Corridor appalachien s’active pour appuyer la réalisation du projet en réalisant une évaluation de la valeur écologique du milieu.

Durant ses visites, l’équipe d’acquisition des connaissances de Corridor appalachien cherche à avoir un portrait complet de la biodiversité et des milieux sensibles de la propriété. C’est pourquoi elle parcourt tout le territoire à la recherche d’espèces en situation précaire en passant par les oiseaux, les amphibiens, les reptiles, les mammifères et la flore. Les milieux humides, les secteurs de fortes pentes, les cours d’eau et les peuplements matures sont des secteurs sensibles où on retrouve souvent la plus grande biodiversité et des espèces sensibles. Les biologistes gardent toujours l’œil et les oreilles ouverts afin de ne rien manquer.

Les vieilles érablières font partie des cibles importantes à évaluer sur les terrains, particulièrement celles qui sont moins accessibles car elles ont habituellement subi moins de perturbations et sont plus intègres. Ces érablières sont souvent riches et abritent une belle diversité d’espèces, particulièrement des espèces floristiques dont certaines sont en situation précaire comme l’ail des bois qui se retrouve uniquement dans ce type d’habitat. Les chênaies rouges présentes au sein de ce noyau d’habitat constituent un autre élément écologique d’intérêt dans ce secteur puisque ce type de peuplement forestier est assez rare dans notre région. Ces peuplements se retrouvent maintenant uniquement sur quelques sommets ou versants de montagne.

Les ruisseaux sont également une des cibles préférées des biologistes, particulièrement au sein du noyau d’habitat de la FCM car il s’agit de ruisseaux de montagne où une eau claire, froide et bien oxygéné coule vers le lac Massawippi. Ces ruisseaux abritent plusieurs espèces fauniques dont des amphibiens très sensibles à la qualité de l’eau et de leur environnement la salamandre sombre du Nord et la salamandre pourpre. La salamandre sombre du Nord est susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable au Québec, tandis que la salamandre pourpre est désignée vulnérable.
La protection des ruisseaux et des bandes riveraines est très importante pour ces espèces, en plus d’être essentielle au maintien de la qualité de l’eau du lac Massawippi. C’est probablement grâce à la présence de ces ruisseaux au sein du noyau d’habitat qu’une population de touladis, aussi appelé la truite grise, se maintient dans le lac Massawippi puisque ce poisson requiert un habitat qui compte de l’eau froide, claire, bien oxygénée et où le pH est supérieur à 5,4.

Clément Robidoux, Directeur de la conservation et Victor Grivegnée-Dumoulin, Biologiste, Coordonnateur à l’acquisition des connaissances

Margot Heyerhoff et Tom Wilcox, membres fondateurs de la Fondation Massawippi et de la Fiducie de conservation Massawippi.

La famille Wilcox, 1955 sur le lac Massawippi. Brandy (le chien), Bart, Gordon et Tom. Le Dr Bud Wilcox sur des skis nautiques. Qui a pris la photo ? Libby Wilson Wilcox assise sur la proue. Le camp Wilcox en arrière-plan.

Tom Wilcox, est un membre fondateur de la Fondation Massawippi (FMF) et de la Fiducie de conservation de Massawippi (FCM).

Tom est loin d’être étranger au lac Massawippi. En effet, il s’inscrit dans une longue tradition d’Américains, la cinquième génération, qui se sauvait de la chaleur urbaine et qui venait profiter du lac. Il y a 120 ans, son grand-père a acquis un terrain et c’est son père qui a bâti leur chalet après la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Lorsqu’on lui demanda quel était son meilleur souvenir en tant que membre du conseil, Tom, débordant d’enthousiasme et d’amour pour la région, avait de la difficulté à s’en tenir à un seul exemple.
Parmi ses meilleurs souvenirs, l’on retrouve :

La reconnaissance de la FMF et de la FCM comme des entités juridiques
Aux alentours de 2010, Tom et un petit groupe de résidents sont passés à l’action lorsqu’ils ont appris qu’une grande parcelle de la montagne avait été achetée à des fins de développement. Ces néophytes ont pris la décision de créer une entité juridique afin de protéger la forêt vierge et le bassin versant, écologiquement vulnérable.
L’acquisition de la propriété de Louise Ransom
Tom était le voisin de Louise Ransom. Pendant plusieurs années, il lui parlait de l’importance de la conservation et tentait, par le fait même, de l’inciter à sauvegarder son terrain. Au départ, il a tenté sa chance avec la Conservation de la nature Canada, mais le lot n’était pas suffisamment grand selon leurs critères pour être protégé. Un petit lot, mais une parcelle de terre que Tom appelait un pilier crucial de la conservation du bassin versant du lac.
Le « Challenge Grant » qui a amassé un fonds de roulement de 100 000 $
Pour chaque 2 $ récolté, un petit groupe de donateurs était prêt à verser 1 $ dans le but d’atteindre l’objectif. Ces fonds étaient nécessaires pour le roulement des opérations, l’achat de terrains, le paiement des taxes et des frais juridiques, etc. Tom, en tant que président de la Fondation communautaire de Baltimore, a soutenu le groupe grâce à sa grande expertise. Le succès notable de la campagne s’explique par la passion des gens qui l’ont mis en place, mais également par la reconnaissance du besoin de protéger et de préserver les terrains pour la communauté et les générations futures de la part des donateurs.
Inauguration de l’ouverture du sentier Massawippi sur la Côte du Piémont
L’évènement, un joyau de la couronne, a commémoré les croyances les plus fondamentales des membres fondateurs et des donateurs. Premières Nations, anglophones, francophones, locaux, politiciens, des personnes de divers horizons se sont rassemblées pour célébrer l’ouverture des sentiers. Cette célébration a également marqué le changement de statut de ces terrains : ils sont passés d’un accès privé à un accès public, une reconnaissance des valeurs de la conservation que portait la famille Wardman et Louise Ransom. Paul Carignan, métis, et Sylvia Bertolini, son épouse, ont chanté une chanson au soleil en Anichinabé. Ce couple rappelait la présence du peuple abénaquis et dont le terrain faisait partie de leur territoire. Ce moment a permis de reconnaitre la grande valeur de cette terre, puis ce lieu a été remis au public en tant qu’espace sacré.

Tom s’est mis à parler de l’idée originale, soit celle de créer un héritage servant à préserver ce que les gens apprécient le plus : les espaces verts et un lac Massawippi avec une eau de qualité. La mise en place d’une entité dont le but serait d’assurer un espace propre, tranquille et sécuritaire. Le groupe avait également le souhait de travailler avec Bleu Massawippi, une association qui milite pour la protection du lac, et avec les communautés locales. Le tout, dans l’objectif de protéger et préserver cet environnement et d’assurer la santé et la prospérité de la région.

Le citoyen de Baltimore, qui s’est établi à la baie de Baltimore (du côté ouest du lac), a un message venant du fond du cœur destiné à la communauté : les sentiers représentent la démocratisation des acquisitions de la conservation. Ces efforts n’ont pas été pour créer un terrain de jeux vert qui profiteraient seulement aux riches, mais plutôt pour que toutes et tous en profitent. L’idée est que ces terrains privés soient ouverts au public, un concept plus répandu aux États-Unis.

Selon Tom, toutes les personnes qui ont vécu aux abords du lac ont grandi avec la peur qu’apparaissent des routes sur la montagne. Lorsqu’il était petit, il n’y avait aucune route qui se rendait à pointe Blueberry ou encore plus au nord. L’eau était et est encore la seule façon d’accéder à leur chalet. Les propriétés auraient valu dix fois plus si un accès routier existait. L’entièreté du paysage serait différente et cela aurait été à l’encontre de la volonté de son grand-père qui a acheté ce terrain il y a plus de 120 ans.

Tom et sa femme espèrent que le camp Wilcox restera dans leur famille et ainsi perpétuer la tradition familiale, maintenant rendue à la 6e génération. Ils ont mis leur terrain environs sous une servitude de conservation en 2015. Avec le grand respect de la longue tradition familiale vient l’idée qu’au travers de la Fiducie de conservation cette région sera protégée pour les générations futures et pour que le public puisse avoir un accès responsable à cette terre. Dorénavant, il est impossible de construire davantage de chalets sur cette propriété, toutefois des activités qui sont en accord avec le développement durable peuvent avoir lieu.
À la fin de l’entrevue, Tom déclare : « General Motors sera carboneutre d’ici 2035 et entièrement électrique d’ici 2045 alors j’aimerais croire que les bateaux sur le lac Massawippi puissent tous être électriques et silencieux. Que cela devienne un modèle, un centre écotouristique qui permet d’être un avec la nature comme les Abénaquis qui vivaient autrefois ici avant que l’on vienne envahir ce territoire. Ils ne faisaient qu’un avec la nature. »

Pourrions-nous l’être ?