Une balade au Glen villa Art Garden

Rédigé par Hélène Hamel


Ma promenade ornithologique à Glen Villa, sous une pluie battante, le samedi 17 juin. 

Cela en valait-il la peine ? OUI ! 

Avec une paire de jumelles et un peu de patience, j’ai observé et appris qu’il faut :

1) écouter son chant

2) observer les mouvements de vol

3) étudier l’habitat

4) regarder la taille et la couleur de l’oiseau, la forme de la queue, la forme et la couleur du bec et tout autre signe distinctif pour identifier l’oiseau.

En tant que participant, j’ai été surpris par la rapidité avec laquelle les guides (Camille et Jean-Paul, tous deux membres de SLOE et observateurs d’oiseaux chevronnés) ont identifié les oiseaux en vol. Ils pouvaient repérer l’oiseau bleu et l’hirondelle qui partagent souvent le même nichoir et peuvent même se disputer le nichoir pour y construire leur nid.

Jean-Paul et Camille ont tous deux des listes de vie qu’ils partagent sur E-Bird. Jean-Paul a dit qu’il avait plusieurs listes, une pour le Québec, une pour l’Amérique du Nord, d’autres pour différents pays.

Ces informations sont mises à la disposition des scientifiques qui suivent les oiseaux et étudient leurs habitudes.

Camille nous a écrit :

Nous avons observé entre autres une gélinotte huppée et ses petits, un viréo à gorge jaune (très rare) et trois Bécasses d’Amérique (difficile à voir habituellement)

En tout 25 espèces différentes observés sous la pluie et les feuilles qui dégoulinaient d’eau.

 

Si vous voulez en savoir plus sur l’ornithologie, je vous encourage à vous joindre à La SLOE ou au Club naturaliste de St. Francis, deux groupes formidables de notre région qui vous aideront à en savoir plus sur les oiseaux et à participer à d’autres visites guidées formidables l’année prochaine.

L’activité à Glen Villa a été organisée dans le cadre de la collecte de fonds pour la Fondation Massawippi.

D’autres promenades et causeries guidées auront lieu le 15 juillet et le 12 août 2023. 

Cliquez ici pour plus de détails.

Les salamandres du bassin versant

Rédigé par Nicolas Bousquet, biol.,
Coordonnateur de projets terrain
COGESAF
Cogesaf

Temps de lecture : 5-6 minutes

Le bassin versant du lac Massawippi est un secteur abritant plusieurs espèces de salamandre, particulièrement les salamandres de ruisseaux. On dénombre trois espèces de salamandre de ruisseaux, soit la salamandre à deux lignes, la salamandre sombre du Nord ainsi que la salamandre pourpre. La présence de nombreux cours d’eau en milieu forestier et montagneux favorise la présence de ces espèces autour du lac Massawippi. 

Les salamandres de ruisseaux sont des petits animaux très discrets, mais fascinants! Ces amphibiens vivants principalement dans les petits cours d’eau frais et bien oxygéné, car, fait étonnant, ce groupe de salamandres ne possède pas de poumon et celles-ci vont respirer par la peau et les larves à l’aide de branchies. C’est pourquoi les salamandres de ruisseaux doivent constamment avoir la peau humide et vivent majoritairement dans le milieu aquatique. Bien qu’il arrive que les adultes s’aventurent à quelques mètres de leur ruisseau dans le milieu terrestre, on les retrouve généralement bien enfouies dans le cours d’eau sous des roches ou d’autres abris tels des branches. Quant à eux, les larves (salamandres juvéniles) sont totalement dépendantes du milieu aquatique, en raison de leur branchie.

En raison de leur dépendance au milieu aquatique, les salamandres de ruisseaux sont des espèces très fragiles. D’ailleurs la salamandre sombre du Nord est une espèce susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable et la salamandre pourpre est désignée vulnérable par la Loi sur les espèces menacées et vulnérables (Québec). Il existe plusieurs enjeux de conservation pour les salamandres de ruisseaux et on peut dire que généralement, celles-ci peuvent être grandement affectées par la modification de la quantité ainsi que la qualité de l’eau de leur habitat. Les modifications du débit d’un cours d’eau, le déboisement de la bande riveraine, la sédimentation, l’apport en contaminant ainsi que le drainage ou l’assèchement des cours d’eau sont tous des facteurs pouvant nuire considérablement aux salamandres de ruisseaux.

 

Il est intéressant de savoir que certaines propriétés de la Fiducie de conservation Massawippi ont été intégrées dans un vaste suivi à long terme de salamandre de ruisseaux, plus particulièrement pour la salamandre pourpre. En effet, comme ces propriétés sont dépourvues de menaces anthropiques, il est intéressant de voir l’évolution des populations de ce secteur sur une durée de 10 ans. Ces données pourront ensuite être comparées avec les sites subissant des pressions importantes, par exemple, les sites faisaient l’objet d’aménagement forestier. De plus, peut-être que ces données pourraient permettre de comprendre l’impact potentiel des changements climatiques sur les populations de salamandres de ruisseaux. Il est possible que les changements climatiques entrainent des impacts sur les salamandres de ruisseaux notamment avec des périodes sèches de plus en plus fréquentes et intenses lors de l’été.

 

Ce projet de suivi à long terme découle d’une problématique souvent observée au niveau de l’acquisition de données rigoureuses pour le suivi de population, particulièrement pour les espèces à statut précaire. En effet, souvent le manque de financement pour l’acquisition de connaissance entraine des lacunes importantes au niveau des connaissances sur les tendances des populations. Le porteur de projet, Conservation de la nature Canada a donc mis sur pied un programme de suivi à long terme (10 ans) de la salamandre pourpre pour toute la région de l’Estrie. Il y a donc une dizaine d’organismes de conservation qui participe au projet, notamment le COGESAF. Chaque organisme assumant le suivi d’un petit nombre de ruisseau, cela réduit les coûts du projet et réduit la charge de travail pour chacun. Le rôle du COGESAF dans ce projet est d’assurer le suivi de deux cours d’eau sur les sites dits « sans ou peu impactés » par les activités humaines des propriétés de de la Fiducie de conservation Massawippi. Étant un passionné d’herpétologie et en poste comme biologiste et au COGESAF depuis 5 ans, ce projet me rejoint particulièrement. Finalement, soulignons la collaboration de plus d’une dizaine d’organismes de conservation s’entraidant afin d’améliorer les connaissances sur la salamandre pourpre et ainsi mieux la protéger… en espérant que ce projet inspire d’autres initiatives comme celle-ci pour d’autres espèces ou pour d’autres régions!

 

À propos de l’auteur : Nicolas Bousquet est biologiste et occupe le poste de coordonnateur de projets terrain au COGESAF depuis plus de 5 ans. Ces champs d’expertise sont la lutte aux espèces exotiques envahissantes et la conservation de la biodiversité. Il a travaillé comme professionnel de recherche à l’Université de Sherbrooke, pour ensuite poursuivre sa carrière dans une firme conseil en environnement et en aménagement forestier, puis comme consultant externe au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Depuis plusieurs années, il se spécialise dans l’étude et la conservation de l’herpétofaune principalement avec les tortues et les salamandres de ruisseaux. Il a participé à plusieurs projets d’inventaire, de suivi de population, identification de menaces, suivi de pontes ainsi qu’à la création d’aménagements . Il aime aussi partager ses connaissances, notamment par le biais de conférences ou de l’écriture d’articles.

 

 

 

 

 

Surprenantes limaces

Rédigé par Jessica Adams (Nature Nerding)
Temps de lecture : 5-6 minutes

Par un matin brumeux, alors que j’étais assise sur mon balcon à siroter mon café, mon regard se posa sur ma jardinière dans laquelle j’avais planté quelques-unes de mes fines herbes préférées plus tôt dans la saison. Mon cœur se serra… Dévorées. Tout entières. Et les visqueuses coupables étaient toujours là… faisant lentement le tour de la jardinière comme si l’endroit leur appartenait. Plus j’observais la scène, plus je remarquais de choses, et ma déception s’est rapidement transformée en curiosité… Les limaces. Quelles créatures singulières! Ce qui m’a le plus intrigué, c’est qu’elles n’ont pas l’air d’un animal susceptible de prospérer… elles sont lentes, molles… elles semblent si vulnérables… et pourtant, il est évident qu’elles s’en sortent très bien.

Je dois admettre que j’en savais très peu sur cet invertébré suintant si omniprésent dans notre nature. Je me souviens avoir survolé le sujet dans mon cours de zoologie à l’université, mais j’avais encore tellement de questions sans réponses que je me suis dit qu’il était temps de rafraîchir mes connaissances sur les gastéropodes. En commençant par quelques recherches de base, je me suis rendu compte de toute l’information à savoir lorsqu’on commence à étudier les merveilles de la nature. Les limaces ne font pas exception. Ces banals invertébrés ont bien plus à offrir que ce que l’on pourrait croire…

 

Mais qu’est-ce qu’une limace, au fond?

Bien qu’elles semblent partager certaines caractéristiques physiques avec les vers, les limaces appartiennent en fait au même phylum que les pieuvres, les calmars, les palourdes, les huîtres et les escargots : celui des mollusques.

Comme on peut s’en douter, une limace est essentiellement un escargot sans coquille. Cela dit, il ne s’agit pas d’un escargot qui a perdu sa coquille au cours de sa vie, mais plutôt au cours de l’évolution. Fait intéressant, ce phénomène s’est produit dans plusieurs lignées, ce qui signifie que les limaces ne sont pas issues d’un seul même ancêtre à coquille, mais qu’elles sont apparues de façon indépendante à partir de divers ancêtres à coquille. Ainsi, si la plupart des limaces partagent une ressemblance frappante, elles n’ont pas nécessairement les mêmes origines.

Pourquoi renoncer à la carapace? Elle semble pourtant être une très bonne idée si votre corps est mou, spongieux et relativement sans défense. Alors pourquoi se donner la peine d’abandonner une enveloppe protectrice apparemment si utile? Selon une théorie, il s’agirait d’un compromis énergétique – renoncer à l’énergie nécessaire pour se faire pousser une carapace permettrait de l’investir dans d’autres éléments pour la survie – comme une croissance plus rapide afin de se reproduire plus tôt. Une autre théorie suggère qu’une coquille peut poser problème lorsqu’il s’agit de se déplacer dans des espaces étroits, une aptitude extrêmement utile lorsqu’on tente d’échapper à un danger.

À première vue, le corps d’une limace ne semble pas très élaboré, mais lorsqu’on prend le temps de l’observer de près, il est vraiment fascinant. D’abord, bien qu’elle soit différente de l’humain, la limace se déplace « à pied »… le pied étant le mot employé pour décrire la base musculaire de son corps et la partie qui se contracte et l’aide à avancer (avec l’aide du mucus, bien sûr). Lorsqu’on observe une limace d’en haut, on ne peut s’empêcher de remarquer une sorte de bosse près des tentacules – il s’agit du manteau. Le manteau est une caractéristique que l’on retrouve chez tous les mollusques, et c’est la zone où se trouve la masse viscérale. Chez certaines espèces de limaces, le manteau peut contenir des vestiges de coquille sous la forme d’une petite plaque ou de granules – preuve de leur évolution. Juste sous le manteau, lorsqu’il est utilisé, vous pouvez observer une ouverture appelée pneumostome, qui sert d’orifice respiratoire pour la limace. Je me plais à penser qu’il s’agit d’une sorte de narine unilatérale.

À la tête du corps, on peut observer deux paires de tentacules. Chaque paire a des fonctions différentes. On pourrait comparer les tentacules supérieurs à des yeux, même s’ils ne sont sensibles qu’à la lumière et ne forment pas d’images nettes comme le fait l’œil humain. Ce sont également des organes olfactifs. Les tentacules inférieurs, pour leur part, ont pour fonction le toucher et le goût. Ces tentacules sensoriels sont rétractables et peuvent repousser en cas d’accident.

Sous les tentacules inférieurs se trouve le dispositif responsable du carnage dans mes fines herbes et dans le jardin de tant de personnes – l’organe buccal. Dans la bouche d’une limace, c’est comme si la langue et les dents ne faisaient qu’un. La radula, une structure semblable à une langue, est couverte de rangées de minuscules dents appelées denticules qui râpent les particules de nourriture pendant que la limace se déplace tout doucement.

 

Et pourquoi si visqueuses?

Une description du corps d’une limace ne serait pas complète sans prêter une attention particulière au mucus (qu’on appelle aussi bave). Si vous avez déjà ramassé une limace, intentionnellement ou non, vous aurez probablement remarqué un résidu collant sur votre peau. Ou alors, en vous promenant dans un sentier en forêt, vous aurez peut-être observé des traces brillantes laissées au sol. Dans les deux cas, il s’agit de l’un des aspects les plus importants de la biologie de la limace : le mucus.

 

Le corps de la limace est recouvert de deux variétés de mucus qui l’aide à se déplacer, à communiquer et à se protéger. Le mucus fin et aqueux qui s’étend du pied vers les côtés et de l’avant du pied vers l’arrière aide la limace à se déplacer au gré des contractions musculaires du pied. C’est dans cette bave plus légère qu’une limace réussit à capter ce que les autres limaces « émettent », pour ainsi dire. Qu’il s’agisse de trouver un partenaire ou, pour certaines espèces de limaces carnivores et prédatrices, de repérer des proies potentielles, cette bave est porteuse de messages.

 

Le reste de la limace est recouvert d’un mucus plus épais et collant qui non seulement protège son corps de la dessiccation, puisqu’il est principalement constitué d’eau, mais qui peut aussi l’aider à échapper à l’emprise d’un prédateur. Par ailleurs, ce mucus épais n’est pas très appétissant pour certains animaux, ce qui est un moyen dissuasif supplémentaire pour d’éventuels prédateurs.

 

Où veux-je en venir?

À mesure que je faisais des recherches et que je renouais avec ces créatures, je poussais sans cesse des petits cris d’étonnement. Et cet article ne présente qu’une infime partie de leur univers. Je dois avouer qu’il est rare que je leur accorde un moment dans la journée. Je fais attention à ne pas les piétiner, mais ce sont généralement les enfants avec lesquels je me promène qui attirent mon attention sur elles…

 

De toutes formes et de toutes tailles, les limaces, contrairement à beaucoup d’autres espèces sauvages, sont bien visibles si les conditions sont assez humides. Elles ne demandent qu’à être observées et admirées pour les créatures à l’allure surnaturelle qu’elles sont. En plus, puisqu’elles ne sont pas du tout pressées, vous pouvez prendre votre temps avec elles, sortir la loupe et apprendre à mieux les connaître.

 

Ces occasions d’observer de si près une espèce sauvage et d’établir un lien avec elle, peu importe l’espèce, sont véritablement des cadeaux. La prochaine fois que vous rencontrerez une limace lors de votre promenade en forêt, pourquoi ne pas vous arrêter, accepter gracieusement ce cadeau, prendre un moment avec ce gastéropode sans coquille… et voir ce qui se passe? Vous pourriez être surpris.

 


Enrichissez votre vocabulaire de la nature

À partir du texte, faites des recherches sur le Web pour enrichir votre vocabulaire et essayez d’utiliser ces termes la prochaine fois que vous serez en nature et que vous ferez des observations par vous-même ou avec des amis!

  • Gastéropode
  • Phylum
  • Pied
  • Manteau
  • Masse viscérale
  • Pneumostome
  • Tentacules
  • Radula

Références

 

Légende de la photo : Bien que la limace soit hermaphrodite, elle tentera de trouver un partenaire pour se reproduire. Une fois qu’elle l’aura trouvé, elle pourra être observée en train de faire une parade nuptiale rituelle avant l’accouplement. Les deux limaces formeront chacune un cercle autour de leurs organes génitaux saillants pendant l’échange de sperme. Quelques jours plus tard, les œufs seront pondus dans un endroit protégé, comme un trou dans le sol ou sous une bûche.