Les choses à faire et à ne pas faire en nature | Partie 1 : Honorer le sentier

Rédigé par Jessica Adams (Nature Nerding)
Temps de lecture: 5-6 minutes

Chaque sortie du programme d’éducation à la nature de la Fondation Massawippi commence par un rassemblement autour de la carte du parc Scowen. Une fois rassemblés, on prend le temps de se saluer, de revenir sur notre sortie de la saison précédente et de revoir les règles à suivre pour une sortie sécuritaire et respectueuse. Sur ce dernier point, les élèves exprimeront fièrement leur point de vue sur le « savoir-être » pendant que nous marchons en forêt. Dès la sortie d’hiver (la deuxième d’une série de trois pendant l’année scolaire), les élèves ont bien compris non seulement les attentes, mais aussi la raison d’être de ces attentes. 

 

Cette discussion est une priorité, et non pas pour restreindre le plaisir, mais pour développer la conscientisation. L’idée est de permettre à ces enfants de comprendre leur rôle au sein d’un vaste système composé d’êtres interconnectés. Le message que nous voulons passer, c’est que leurs gestes comptent. Nous espérons que cela encouragera de nouvelles façons de penser qui les accompagneront toute leur vie et influenceront leurs interactions futures avec la nature.

 

Cet article est le premier d’une série dont l’objectif est d’amorcer la conversation sur les principes fondamentaux à la base des directives communes à tant de réseaux de sentiers. Comme le plein air gagne en popularité, il est plus important que jamais de voir les directives des parcs non pas comme des règles contraignantes, mais plutôt comme une occasion de réduire notre impact et de faire en sorte que les milieux naturels que nous aimons tant continuent de prospérer pour les générations futures.

 

Partie 1 : Honorer le sentier

 

Les sentiers : des pistes pour les loisirs et la conservation

 

« L’un des grands défis de la planification, de la conception et de la gestion des espaces naturels est de prendre des décisions qui offriront aux usagers et usagères une expérience de la meilleure qualité possible, tout en protégeant l’intégrité écologique de la ressource. » (Lynn et Brown, 2003)

 

Les sentiers sont l’un des principaux moyens d’encourager le tourisme axé sur la nature. On marche et on randonne en nature pour différentes raisons, notamment pour les bienfaits physiques et psychologiques ressentis en bougeant et en respirant au grand air. Il ne fait aucun doute que les sentiers ont des effets bénéfiques sur ceux et celles qui les fréquentent… mais les milieux naturels en bénéficient-ils aussi? Oui, tout à fait. L’idée de la conservation de la nature peut ne pas figurer parmi nos priorités si nous n’avons jamais eu l’occasion d’en faire l’expérience. Connaître quelque chose, c’est développer un amour à son égard et, naturellement, un désir de le protéger. Les sentiers donnent accès à des sites naturels qui n’auraient probablement pas été possibles de visiter autrement, offrant ainsi la possibilité de développer une relation avec la nature.

 

La façon dont on profite de la nature peut par contre avoir des conséquences. Fait de manière réfléchie, l’accès à la nature aura non seulement un impact moindre sur les écosystèmes environnants, mais il contribuera aussi à renforcer les liens entre les gens et la nature et encouragera les attitudes favorables à la conservation. En revanche, si cet accès est utilisé de façon insouciante, les impacts sur les habitats traversés par les sentiers pourraient être potentiellement dévastateurs.

 

Il appartient à chaque personne qui pose le pied sur un sentier de décider de quel côté le balancier penchera. Alors, à quoi ressemble une promenade en forêt faite dans le respect?

 

Des sentiers aménagés avec une intention

L’aménagement d’un sentier nécessite beaucoup d’efforts. Lorsque c’est bien fait, tout est pris en considération, de la trajectoire à travers la forêt aux types d’outils utilisés. Généralement, les sentiers sont conçus pour :

  • respecter le milieu naturel qu’ils traversent, tout en mettant en valeur certaines de ses caractéristiques les plus remarquables;
  • résister à un niveau raisonnable de dégradation (par les humains et les éléments);
  • assurer la sécurité des randonneurs et randonneuses et les garder sur le bon chemin.

 

Bref, les sentiers sont aménagés à des fins récréatives, avec la sécurité des randonneurs et randonneuses et la conservation pour priorité.

 

Parfois, on s’aventure hors du sentier parce que l’on veut voir quelque chose de près, prendre un raccourci ou trouver un point de vue plus tranquille… Aussi tentant et inoffensif que cela puisse paraître, voyons plutôt les avantages qu’il y a à rester sur le sentier.

 

En restant sur le sentier, on s’évite de s’exposer à toute sorte de risques supplémentaires :

 

  • Se perdre. « Le fait de quitter le sentier est la première raison, devant les blessures et le mauvais temps, pour laquelle les randonneurs adultes doivent être secourus. » (Moye, 2019) Sortir du sentier de façon accidentelle, ça peut arriver à tout le monde, mais que ce soit de façon intentionnelle ou non, une promenade dans la forêt peut durer plus longtemps que prévu et se transformer en une expérience dangereuse.
  • Se blesser. Les sentiers sont soigneusement aménagés pour réduire les risques de blessures pour les randonneurs et randonneuses. Ils contournent des zones plus difficiles et potentiellement dangereuses et comportent des éléments tels que des marches et des trottoirs de bois pour les zones plus difficiles à franchir.
  • Éruptions cutanées ou brûlures. La végétation est généralement dégagée sur les sentiers, ce qui réduit le risque de se frotter à l’ortie, à l’herbe à puce ou à d’autres plantes dotées d’ingénieux (mais désagréables) mécanismes de défense.
  • Piqûres. Les tiques ne traînent pas dans la boue ou le gravier, mais plutôt dans les hautes herbes et la litière de feuilles! En restant sur le sentier, on les garde à une distance plus confortable et on diminue les chances d’en ramener une à la maison.

 

Les adeptes de la randonnée pédestre sont probablement attirés par la beauté de l’environnement. En restant dans le sentier, nous préservons les espaces naturels qui nous entourent :

  • Protéger la vie fragile et vulnérable. Par exemple, en évitant de marcher sur les plantes ou de laisser derrière nous une odeur humaine qui pourrait signaler un danger (et causer un stress excessif) aux animaux et insectes qui vivent dans la forêt.
  • Préserver la porosité du sol et sa résistance à l’érosion. Un sol forestier intact est protégé par des couches de végétaux et de matière organique et possède un certain pouvoir d’absorption lorsqu’il pleut. Si les mêmes zones sont piétinées à répétition, les couches de surface du sol forestier finissent par disparaître, laissant à découvert la terre qui se trouve en dessous. À force d’être piétinée, cette terre finira par se compacter. Non seulement l’eau ne pourra plus être absorbée, mais elle ruissellera en érodant la surface, emportant avec elle des particules de sol et les précieux éléments nutritifs.
  • Préserver l’intégrité de l’habitat. Plus une zone est fréquentée, moins le sol est propice à ce que de nouvelles formes de vie s’y implantent et s’y développent. Peu à peu, cela limite la croissance des plantes et la diversité des espèces.

 

La discussion initiale avec les élèves peut prendre différentes directions, mais on revient toujours à l’idée que les directives ne sont pas là pas pour gâcher le plaisir, mais plutôt pour protéger les milieux naturels que l’on aime tant. Une autre façon de voir les choses : en ne faisant pas quelque chose de petit… on fait quelque chose de grand. En décidant de rester sur le sentier, on assume la responsabilité de sa sécurité et on investit activement dans la santé des lieux que l’on visite. À titre de visiteurs et visiteuses, nous faisons partie d’un système naturel, même si ce n’est que pour un bref moment, et nous pouvons choisir si notre impact sera positif ou négatif. Voilà qui est merveilleusement stimulant.

 

Restez à l’affût pour d’autres directives courantes et leur utilité pour la protection des espaces naturels que nous affectionnons.

 

Références

Le Sentier Massawippi : un terrain d’entraînement pour le GR20 en Corse – Entrevue avec Alain Lessard

Alain Lessard

Comment as-tu connu les sentiers Massawippi, toi qui n’es pas de la région de l’Estrie?

C’est une amie, résidente de North Hatley, qui m’a fait connaître les sentiers Massawippi et Scowen.

Elle et moi sommes tous les deux des personnes actives et nous y allons régulièrement, environ 2 fois semaines, depuis un peu plus de deux ans, dans l’un ou l’autre des sentiers.

 

En plus d’offrir un environnement calme avec sa forêt, ses arbres matures, ses ruisseaux, ses oiseaux et ses chevreuils, les sentiers sont sécuritaires, bien entretenus et nous offrent le bord du lac, du côté Massawippi.

 

Les sentiers nous permettent également de croiser d’autres randonneurs très sympathiques qui nous saluent sur leurs passages.

À l’automne dernier, mes randonnées dans ces sites naturels exceptionnels ont fait germer en moi le projet d’une aventure de grande randonnée.

Après quelques recherches sur internet, à cause de sa réputation d’être l’une des plus difficiles, mais également des plus magnifiques en Europe, mon choix s’est arrêté sur la GR20 dans les montagnes de la Corse!

 

Eh oui, avec ses 180 km de long et ses 11,000 m de dénivelé positif, il ne faut pas avoir peur des défis pour affronter cette grande randonnée, surtout pour un aîné de 70 ans!

Pour moi c’est maintenant ou jamais !!!

 

Étant jalonnée de 15 refuges tout au long de son parcours, 15 jours c’est la norme pour compléter la GR20.  Les plus athlétiques le feront en moins de 10 jours. Ce n’est pas mon cas; sagesse, prudence et humilité étant ma devise pour cette grande aventure!

 

Je prévois commencer en début mai. Cependant, les refuges offrent des services d’hébergement, de restauration, de dépannage, de location de tentes, etc., seulement à partir du 22 mai. L’achalandage et les températures chaudes de l’été sont les raisons de mon choix du début mai. J’aurais donc à transporter dans mon sac à dos tout ce qui est indispensable pour dormir le mieux possible et me nourrir pour me procurer l’énergie indispensable pour traverser l’épreuve. Je vous épargne la longue liste, soit environ 25 kg d’effort.

 

Bref, pour en revenir aux sentiers Massawippi, ils deviennent donc naturellement un site d’entraînement tout désigné. Offrant un dénivelé positif potentiel de plus de 400m, une distance possible d’environ 10km, c’est un excellent effort qui peut être agrémenté par l’ajout d’un poids dans le sac à dos.

 

Cet exercice physique me permet également de tester les équipements de marche que j’utiliserai en Corse : les bottes et bas de marche, les crampons, car il y aura de la neige et de la glace en montagne en mai, les bâtons de marcheur, le sac à dos.

 

D’ici mon départ, j’entrevois marcher sur d’autres sentiers tels que le mont Chauve par le ruisseau David, 12.7km et 550m de dénivelé, le mont St-Hilaire plus près de chez-moi, 12.7km et 537 m de dénivelé, et le mont Mansfield au Vermont pour son dénivelé de 880 et 12.4 km.

 

Je compte être fin prêt, du côté de mon entraînement, à la mi-avril, pour ainsi me permettre une semaine de repos et de finaliser les derniers préparatifs avant le départ, mon vol étant prévu le 27 avril.

 

Et puis, en route pour une grande aventure !!