Comme le dit si bien Jacques Cousteau, « on protège ce qu’on aime », et c’est ce que Margot Graham Heyerhoff fait avec brio.

Margot s’est installée avec sa famille dans la vallée Massawippi en 2002, mais son attachement à la région remonte aux années 1970 alors qu’elle fréquentait l’université et travaillait.

Discrète et passionnée, Margot a joué un rôle de premier plan dans la création de la Fondation Massawippi, dont elle est cofondatrice. Aujourd’hui, environ 1 200 acres sont protégées à perpétuité par la Fiducie de conservation Massawippi. Les terres sont évaluées à plus de 4,3 millions de dollars et la Fondation a recueilli plus de cinq millions de dollars. Au cours des dix dernières années, Margot a occupé simultanément les fonctions de présidente et de directrice générale bénévole par intérim (ce qu’on nomme « leader au service des autres »). Aujourd’hui, Margot est présidente de la Fondation et administratrice de la Fiducie.

La zone protégée occupe le bassin versant du lac Massawippi, situé dans les Cantons de l’Est. Elle contient des forêts encore intactes d’une grande richesse écologique. En 2010, durant le congé de l’Action de grâce, Margot et un petit groupe se sont réunis pour discuter de la menace imminente que représentait le développement de la magnifique montagne du côté ouest du lac. David Rittenhouse, présent à cette rencontre, est tout de suite passé des paroles aux actes en entamant des recherches sur la marche à suivre pour créer une fiducie de conservation et une fondation communautaire.

Et c’est après avoir rencontré David par hasard au dépanneur local que Margot a décidé elle aussi de mettre la main à la pâte. Durant l’été 2011, ils sont donc allés de porte en porte pour solliciter des fonds qui seraient affectés à l’achat de terres et pour expliquer les objectifs des organisations sœurs. Le travail de David est d’autant plus méritoire qu’il souffrait alors d’un cancer avancé; la veille de son décès, en août de la même année, Margot avait pu lui rendre visite et lui avait alors promis que les autres fondateurs poursuivraient le travail qu’il avait commencé à titre de premier directeur général de la Fondation.
Depuis lors, Margot a répertorié les propriétés intéressantes, participé à la cession ou à la vente de certaines d’entre elles et réuni les fiduciaires et les propriétaires à la même table pour signer les transferts de propriété, une tâche que Margot compare à celle de rassembler des chats. Elle-même une donatrice principale, Margot a aussi contribué à la collecte de fonds pour l’acquisition de propriétés et la construction de sentiers. Porte-parole et pédagogue dans l’âme, Margot a prononcé des allocutions, écrit personnellement des centaines de notes de remerciement, organisé quantité d’activités de financement et a même prêté sa maison en échange de dons au lieu d’un loyer. Comme elle est une autorité très respectée en matière de conservation dans la région, on lui demande régulièrement conseil sur la manière d’établir une fiducie foncière.
Margot et l’ensemble du conseil d’administration estiment qu’il est important que tout le monde ait accès à la nature, profite de la forêt et puisse s’y promener librement. Il n’est donc pas étonnant qu’en peu de temps un réseau de sentiers ait été aménagé sur deux des terrains acquis. Comme le dit Margot Graham Heyerhoff, « nous ne voulions pas que les gens ne puissent admirer cette montagne verte d’une beauté incroyable que de loin, en conduisant sur la route 143, nous voulions leur permettre de faire l’expérience de la conservation en étant « à l’intérieur » de ces forêts protégées ». Leur vision s’est révélée d’autant plus salutaire qu’au cours des deux dernières années, alors que la pandémie faisait rage autour de nous, jamais autant de promeneurs ne sont venus parcourir nos sentiers pour se ressourcer et prendre soin de leur santé tant physique que mentale.

Mentionnons par ailleurs que la Fiducie Massawippi fait partie du groupe parapluie Corridor appalachien. Les biologistes et spécialistes de cette organisation ont recensé les propriétés de première importance qui relient les corridors fauniques allant des États-Unis au Québec et aux provinces de l’Atlantique. Margot s’investit sans compter pour que les parcelles dépendantes de terrains soient reliées entre elles, car elle est convaincue que cela entraînera des répercussions positives sur la faune et la flore.
Outre ses fonctions au sein de la Fondation à titre de présidente du conseil d’administration, de directrice générale par intérim et de présidente de la Fondation, Margot siège au comité des subventions, au comité des collectes de fonds et, maintenant, aux deux nouveaux comités que sont celui de l’éducation et celui de l’agriculture.
« En adéquation avec notre ambition de favoriser la santé écologique et la prospérité de la vallée du lac Massawippi, nous explique Margot, nous avons l’intention d’élargir nos efforts de conservation pour nous intéresser non seulement à nos riches forêts, mais aussi à d’autres types de terres essentielles sur le plan écologique. La Fondation Massawippi et la Fiducie de conservation Massawippi adhèrent au mouvement mondial vers une amélioration de la résilience de l’écosystème agricole aux fins d’une production agricole durable. L’utilisation de nos terres fait partie intégrante de notre stratégie de conservation; nous préconisons le recours à des pratiques agricoles agroenvironnementales susceptibles de préserver la santé de nos sols, l’emploi de moyens pour préserver la biodiversité des insectes et des oiseaux ainsi que l’emploi de moyens pour protéger les cours d’eau dans le souci d’améliorer la santé de notre lac, des exploitations agricoles et de leurs produits et, en fin de compte, la qualité de vie des résidants. »

La nouvelle décennie maintenant bien entamée, la Fondation Massawippi élargit son mandat pour y ajouter des programmes éducatifs à l’intention des élèves de la région, des familles et des adultes. Elle se joint aussi au mouvement d’agriculture régénératrice et commanditera une bourse de recherche qui servira à localiser les points chauds du territoire où les exploitations agricoles contribuent à la pollution. En collaboration avec les organisations locales, la Fondation fera la promotion de nouvelles techniques agricoles, qui sont en fait d’anciennes techniques tombées en désuétude, mais qui sont moins invasives et peuvent contribuer à améliorer la qualité du sol, les cultures, les revenus des agriculteurs et l’environnement.

Depuis qu’elle a quitté la ville pour s’installer dans les Cantons de l’Est, Margot s’est profondément attachée à son milieu, comme en témoigne son grand dévouement pour la Fondation Massawippi et la Fiducie de conservation Massawippi. Sa passion pour ce coin de pays l’a amenée à acquérir de solides connaissances en environnement et en conservation. Margot est dotée d’une grande créativité (elle est designer et artiste) et d’une imagination débordante qu’elle applique à toutes sortes de projets, dont plusieurs d’ailleurs ont été concrétisés.

 

Pat Webster

En juin prochain, Pat tirera sa révérence pour se concentrer sur de nouveaux projets, dont le lancement de son premier livre intitulé Autobiography of a Garden.
Pat a passé son enfance en Virginie, au sein d’une famille qui voyageait beaucoup à travers le monde. Il n’est donc pas étonnant qu’elle ait décidé d’aller vivre un an à l’étranger, durant ses études universitaires, pour étudier la philosophie à l’Université de Londres et profiter de l’âge d’or des années 1960, alors que les Beatles et Carnaby Street faisaient fureur. Avant de rentrer au bercail, elle s’est rendue en Grèce, où elle a rencontré Norman Webster, son futur mari canadien.

En tant que journaliste, Norman s’est vu proposer à la fin des années 1960 le poste de correspondant du Globe and Mail à Pékin… et Pat s’est montrée enthousiaste à l’idée de l’accompagner! Ils ont donc vécu deux années là-bas, avec leurs trois jeunes garçons, au sein d’une petite communauté de diplomates. Ils ont passé les trois années suivantes en Angleterre, avec leurs enfants alors au nombre de cinq, puis dans différentes villes du Canada.

Globe-trotteuse, blogueuse, autrice, mère de famille, Pat a renoncé à sa citoyenneté américaine pour devenir canadienne et, plus précisément, faire des Cantons de l’Est et de North Hatley sa terre d’adoption. « Il y a quelque chose à propos de cet endroit qui vous interpelle au plus profond de votre être; c’est difficile de dire ce que c’est précisément, mais c’est là. »

C’est à North Hatley qu’elle passait ses vacances estivales avec sa famille à explorer les bois, suivre les pistes des cerfs et créer ses propres sentiers, faisant du lac son point de repère. De Pointe Black, elle ne pouvait voir que deux chalets du côté ouest du lac et, pour ainsi dire, aucune maison de l’autre côté.

Un jour, en empruntant un nouveau sentier, elle est tombée sur une route taillée dans le flanc de la montagne. Cette cicatrice dans le paysage lui a fait comprendre que les forêts encore vierges étaient menacées. « Tu ne veux pas empêcher les gens de venir, mais tu sens que quelque chose de précieux se détériore, et tu veux le protéger. »

En 1996, Pat et Norman ont acheté Glen Villa, où elle vit seule maintenant en permanence, depuis le décès de son mari en 2021. Elle y a aménagé un jardin et, au fil du temps, y a incorporé des éléments artistiques qui nous incitent à réfléchir sur l’histoire, la mémoire et notre relation avec la nature. « Nous laisserons tous et toutes une marque dans la société, et c’est à chacun de nous qu’il appartient de décider quelle marque ce sera. »

Depuis les tout débuts de la Fondation Massawippi et de la Fiducie de conservation Massawippi, Pat a fait siens les objectifs établis et a appuyé sans réserve l’aménagement d’un réseau de sentiers. « Pour les gens qui en font l’expérience, la forêt devient vite une source de bien-être, et les sentiers leur en donnent l’accès. On trouve dans les bois ce je-ne-sais-quoi qui nous invite à y retourner. »

Grand-maman de 11 petits-enfants, Pat se réjouit que la Fondation puisse enfin offrir un programme éducatif aux enfants. Conçu pour renseigner les enfants sur l’environnement dans l’enceinte extérieure protégée des sentiers, le programme débutera à l’automne. « J’ai bon espoir que le programme permettra aux jeunes d’acquérir un sentiment profond d’attachement à la nature. J’espère que dans quelques années, nous pourrons élargir le programme pour y inclure des activités familiales et des programmes pour les adultes. »
Une vie riche en expériences, à examiner le monde du point de vue des autres, a mené Pat à prendre conscience de l’importance du paysage qui nous rassemble. Maintenant que la Fondation Massawippi est solidement établie, Pat est prête à s’attaquer à d’autres projets, dont le lancement en juillet de son nouveau livre intitulé Autobiography of a Garden. Publié par McGill-Queen’s University Press, il sera disponible en librairie et en ligne auprès de McGill-Queen’s University Press et d’autres sources fiables. Par ailleurs, Pat permettra au public de visiter le jardin de Glen Villa cet été afin de recueillir des fonds pour la Fondation Massawippi. Les portes ouvertes se tiendront le 25 juin, le 23 juillet, le 20 août et le 1 er  octobre. Il faut se procurer les billets à l’avance, au coût de 25 $ par personne, sur le site Web de Pat (www.glenvillaartgarden.com).

Le conseil d’administration de la Fondation Massawippi tient à remercier Patterson Webster pour son dévouement de tous les instants. Elle a su nous guider et nous conseiller avec sagesse, finesse et intelligence. Nous lui souhaitons bon succès dans ses nouveaux projets!

Plus le glaçon est petit, plus il fond vite

Fragmentation de la forêt
Cassures dans les corridors écologiques
Connectivité écologique
Pourquoi est-il important de relier les aires naturelles et de créer des corridors?
  • Saviez-vous qu’il faut s’éloigner de 60 à 90 mètres de la lisière de la forêt pour que le bruit des voitures et des tondeuses à gazon soit étouffé et que l’on puisse trouver un endroit frais et ombragé où le sol de la forêt est encore humide même pendant une sécheresse de trois semaines?
  • Qu’il faut 14 acres de forêt pour n’avoir qu’un seul acre au centre où sont réunies les conditions forestières les plus authentiques?
  • Qu’une zone résidentielle au milieu d’une forêt perturbe jusqu’à 30 acres de superficie boisée?
  • La fragmentation de la forêt résulte notamment de l’introduction de routes, d’activités agricoles, de corridors réservés aux services publics et de lotissements.
    Plus la fragmentation est importante, plus la disparition de la forêt est rapide. Prenons l’exemple des glaçons : plus le glaçon est petit, plus il fond vite.

De nombreuses espèces se trouvent à la limite nord de leur habitat. En raison du changement climatique, les espèces continueront de se déplacer vers le nord, en direction de notre région.
« Les réseaux écologiques constituent une stratégie de conservation essentielle pour soutenir la biodiversité dans sa lutte contre les changements climatiques. L’évolution des conditions climatiques oblige les espèces à modifier leurs aires de répartition. À long terme, la science de la connectivité peut répondre aux risques posés par les changements climatiques en quantifiant les besoins en matière d’habitat et de déplacements, en prédisant leur évolution et en identifiant les possibilités de protéger de vastes réseaux d’habitats pour préserver la connectivité et soutenir les espèces. »
Extrait du document intitulé Résumé – La science de la connectivité écologique dans la Région de la résolution 40-3 – Une évaluation de la science et des projets décrivant les paysages connectés de la région nord-est de l’Amérique du Nord
La fragmentation des milieux naturels réduit la biodiversité, altère la santé de la forêt et la qualité de l’eau en plus d’accroître la menace causée par les espèces envahissantes (des plantes par exemple) et par les agents pathogènes.

  • Le Québec souhaite que 30 % de ses terres soient protégées d’ici 2030, soit dans huit ans; à l’heure actuelle, seulement 17 % des terres sont protégées.
  • Dans les Cantons de l’Est, 91 % des terres appartiennent à des particuliers. Il est donc impératif de faire connaître les méthodes de conservation et de trouver des moyens de sensibiliser les propriétaires fonciers aux avantages de la conservation.

 

https://www.corridorappalachien.ca/wp-content/uploads/2022/04/CorridorAppalachien_Bulletin-Printemps_EN_WEB_20220413.pdf

La Fiducie de conservation Massawippi possède ou a placé sous sa protection 1 200 acres (485 hectares) de terres. Ces terres sont contiguës pour la grande majorité et se trouvent sur la rive ouest du lac Massawippi, lequel est réputé pour la propreté de son eau. Quant à la forêt, encore intacte, elle constitue un habitat sain pour la flore et la faune, et abrite notamment de nombreuses espèces de salamandres. Celles-ci constituent, à l’instar du ver de terre, un bon indicateur de l’intégrité écologique de la forêt.
L’aménagement du territoire est un des outils qui peut être utilisé pour protéger les habitats essentiels.

À ce sujet, voici ce que mentionne le site Web de Corridor appalachien :
« Les municipalités et les MRC possèdent de nombreux outils pour passer à l’action et peuvent mettre à contribution leurs pouvoirs réglementaires pour préserver la nature. Les municipalités ont notamment le pouvoir de créer des leviers favorables par l’entremise :
• Des règlements de zonage
• Du plan d’ensemble/plan d’urbanisme
• Du plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA)
• Des usages conditionnels
• De la délivrance de permis et certificats
• D’ententes relatives aux travaux municipaux
• De plantations et de règlements d’abattage d’arbres
• De règlements relatifs au fauchage de végétation
• Du type d’éclairage extérieur
• De règlements de lotissement
« Par exemple, les municipalités peuvent adopter un plan d’urbanisme favorable à la nature et des règlements limitant la destruction ou la dégradation des éléments les plus sensibles sur un territoire comme des sommets, des zones de pentes fortes et des bandes riveraines. Les municipalités peuvent aussi établir des statuts de conservation sur les propriétés qu’elles détiennent. C’est encore plus avantageux si plusieurs municipalités voisines se concertent pour développer et intégrer une vision de conservation globale et holistique. Dans le but d’appuyer les municipalités et les MRC à améliorer leur prise en compte des milieux naturels et de la connectivité écologique, Corridor appalachien a dernièrement lancé deux boîtes à outils. Ces outils ont été développés notamment, dans le cadre de l’Initiative québécoise Corridors écologiques. »

Vous n’êtes pas propriétaire foncier?
Vous voulez prêter main-forte?
Vérifiez si votre municipalité a établi des plans pour la protection de l’environnement et si elle a mis à jour ses règlements de zonage pour tenir compte des réalités actuelles. Impliquez-vous auprès de votre municipalité et de l’administration locale. Adhérez à un comité environnemental. N’hésitez pas à vous faire entendre et à voter.

Nous tenons à remercier les ressources suivantes pour l’aide apportée à la rédaction de cet article :
­– Michael Synder par l’entremise de son ouvrage intitulé « Woods Whys » (publié par Bondcliff Books). Il a collaboré de nombreuses années à la revue Vermont Woodlands et occupe actuellement le poste d’expert forestier et de commissaire pour l’État du Vermont (Vermont State Forester and Commissioner) au département des forêts, parcs et loisirs du Vermont (Department of Forests, Parks & Recreation).
– Corridor appalachien, notre partenaire associé, qui a organisé un webinaire très intéressant sur l’importance des corridors écologiques et qui a participé à des études et des recherches au fil des ans sur l’importance des corridors dans notre région et sur bien d’autres sujets liés à la conservation.

LES TORTUES, UN TEMPS ACTIFS POUR EUX

Nicolas Bousquet est l’auteur de l’article suivant. Actuellement, le projet majeur dont il est responsable est une étude sur la tortue des bois : Cela comprend la participation aux relevés, la protection active des femelles adultes dans une gravière, la protection des nids, le développement de mesures pour protéger toutes les tortues et le maintien de l’activité dans la gravière, la limitation de la propagation de la renouée du Japon dans l’habitat conçu pour la tortue des bois afin de maintenir une bonne qualité d’habitat ainsi que l’enseignement aux étudiants du cégep et de l’université sur le terrain au sujet des tortues des bois.


Malgré un printemps pluvieux et assez froid, les récentes hausses de températures ainsi que le temps ensoleillé poussent les tortues à s’activer. La chaleur donne signal pour qu’elle sorte de leur hibernation dans le lit des cours d’eau. Rapidement les trois espèces de tortues, soit la tortue peinte, la tortue serpentine et la tortue des bois de notre secteur seront visibles lors de nos activités en plein air ou sur la route! Dans un premier temps elles chercheront un peu de soleil et sortiront des rivières et étangs encore très froids pour faciliter leur thermorégulation.
Ensuite, s’entame la période de ponte qui va s’étaler de la fin de mois de mai jusqu’au début juillet, mais c’est particulièrement au mois de juin que la majorité des tortues seront actives pour la ponte. Les femelles adultes vont chercher du sable et du gravier, ou un mélange des deux, exposé au soleil pour faire leur nid et enterrer leurs œufs. Celles-ci peuvent donc aller en bordure de route ou sur des sentiers piétons ou pistes cyclables pour faire leur nid et ainsi devenir très vulnérables.

En effet, on note chaque année des mortalités de tortues en bordure de ces structures, souvent des adultes, mais parfois aussi des jeunes sortis de leur œuf. Le passage du milieu aquatique vers le milieu terrestre et vice-versa pour la ponte est donc un enjeu pour la survie des femelles adultes annuellement.
Comment on peut les aider à rester saines et sauves durant cette période ? En restant vigilant tout simplement! En voiture, à pied où en vélos sur des structures bordant, lac, rivières, étangs ou milieux humides on peut rester vigilant à la présence de tortues et ainsi bien réagir dans le cas de sa présence. On peut ainsi ralentir et la laisser poursuivre son chemin et avertir les autres automobilistes de sa présence par exemple. Dans un cas d’urgence immédiate, on peut l’aider à traverser, toujours dans la même direction où elle allait. Il est primordial de ne pas la remettre à l’eau ou la déplacer à un autre endroit. On peut aussi prendre une photo et signaler sa présence sur le site web www.carapace.ca.
Rappelons aussi que la tortue des bois qui est présente dans quelques rivières en Estrie et est désignée comme vulnérable par son statut provincial. Les populations ont subi un déclin récent et quelques-unes s’en remettent difficilement. La tortue des bois est particulièrement vulnérable aux blessures et mortalités sur les routes et par la machinerie agricole et forestière, notamment en raison de son caractère très terrestre. Comme c’est la plus terrestre de nos tortues au Québec, elle s’expose plus longuement à ces pressions que les autres espèces. De plus, la dégradation de son habitat n’aide pas sa cause ainsi que la présence de prédateur qui vont détruire les nids, par exemple le raton laveur! Malgré les efforts des organismes et acteurs locaux, la situation reste précaire pour plusieurs populations en Estrie. En effet, comme les tortues en général ont une croissance lente et une reproduction tardive, le rétablissement de ses populations prend plusieurs années… lorsqu’il est possible.
Cependant, il y a de l’espoir! La qualité des habitats est un élément essentiel dans le rétablissement des espèces en déclin et plusieurs organismes locaux travaillent au maintien et à la conservation de ces habitats de qualité. Il y a aussi plusieurs actions en cours pour mieux comprendre les menaces précises affectant nos tortues des bois pour mieux les corriger!
Nicolas Bousquet, biol.,
Coordonnateur de projets terrain
COJESAF
Tortue des bois.
Le passage du milieu aquatique vers le milieu terrestre et vice-versa pour la ponte est donc un enjeu pour la survie des femelles adultes annuellement.

Profile Dany Gagné

Profile Dany Gagné
un passionné de la nature et un membre de l’équipe des constructeurs de sentiers.
Dany a de nombreuses passions, dont la musique. On le voit ici lors de l’ouverture officielle de la plage Ethan, où Dany a su maintenir l’ambiance et le rythme.
Dany Gagné est un créatif qui se passionne pour l’environnement et la culture;
avide de nouveaux apprentissages, il creuse en profondeur, au sens propre et figuré. Avant de se joindre à la Fiducie de conservation Massawippi en 2018, Dany participait à un autre projet avec Matthew et Mahicans, deux bâtisseurs de sentiers comme lui; il était toujours ravi qu’on l’invite à travailler avec eux sur les rives du lac Massawippi.
Spécialisé dans la construction de ponts et le travail du bois, Dany adore travailler dans la forêt
en pleine nature. « Aménager des sentiers me rend heureux, nous dit-il, ça reflète mes valeurs. » Il est reconnaissant envers la Fiducie de conservation Massawippi de permettre à son équipe de prendre le temps de bien faire son travail. « Nous n’avons aucune concurrence dans la région, nous sommes les meilleurs!, lance-t-il à la blague. Nous pouvons prendre tout le temps nécessaire et nous avons l’équipement approprié pour aménager les plus beaux sentiers. » C’est un travail pour les gens passionnés, ajoute-t-il, un travail qui s’exécute lentement, mais qui prend tout son sens lorsque le concept du sentier se concrétise. Dany en est à sa 7e saison dans cette sphère d’activité.
Dany se réjouit de la biodiversité qui l’entoure et apprécie particulièrement la compagnie des animaux, du renard au hibou en passant par le pic-bois; il a vu des traces d’orignaux et des excréments d’ours, mais n’a pas encore eu la chance d’observer les animaux eux-mêmes. Les grandes étendues de terre, fait-il remarquer, permettent à ces animaux de migrer. Comme son équipe et lui construisent des sentiers sur des terres protégées, ils sont particulièrement conscients de la fragilité de l’écosystème.
« Si vous voulons permettre l’accès aux terres protégées, il faut concevoir les sentiers de sorte que les randonneurs ne s’en écartent pas et qu’ils endommagent le moins possible la nature. Plus nombreux sont les gens qui empruntent les sentiers, plus importants peuvent être les dommages. Nous devons donc penser les sentiers en conséquence. » Il faut aussi prendre en compte le drainage et l’érosion, et éviter les zones écologiques sensibles.
La construction de sentiers fait appel à de nombreuses compétences telles que la menuiserie, la manipulation de machines légères, la force physique, sans oublier la créativité car il faut être en mesure de s’adapter à l’environnement. Il est également utile d’avoir une connaissance des plantes et des écosystèmes, tout particulièrement si les sentiers sont construits sur nos terres protégées. Les constructeurs de sentiers qui travaillent pour la Fiducie doivent être respectueux de la faune et de la flore, et veiller à limiter tout dommage potentiel à l’environnement. Le fait que le gros du travail s’effectue manuellement permet à l’équipe de « ménager la terre ».
Dany a bien des cordes à son arc. Outre ses talents en construction de ponts et de sentiers, Dany s’y connaît bien en musique. C’est d’ailleurs lui qui a agi comme DJ à l’ouverture de la plage d’Ethan l’été dernier; il a apporté son propre équipement et a fait tourner un large éventail de pièces des débuts du jazz et du blues. Il a aussi participé à de nombreux événements culturels au fil des ans et a travaillé dans le domaine de la construction de même que dans le secteur agricole. Doté d’un sens inné de la communication, il joue une part active au sein de la collectivité et sait réunir les gens ayant les mêmes affinités.
Dany occupe une place importante dans l’équipe et nous sommes heureux de l’avoir à bord!

Les pollinisateurs

L’affiche de la Fédération canadienne de la faune peut être téléchargée gratuitement ou commandée en version papier.
Les abeilles font la manchette ces derniers temps, en raison non seulement de la menace qui pèse sur leur survie mais aussi de leur importance dans notre alimentation. Heureusement, les abeilles ne sont pas les seuls agents pollinisateurs. La Semaine des pollinisateurs, qui a eu lieu du 20 au 26 juin, visait d’ailleurs à sensibiliser le public à la situation critique qui frappe ces importantes créatures ailées de même qu’aux mesures prises pour y faire face.
Parmi les pollinisateurs on trouve les abeilles certes, mais aussi les coccinelles, les oiseaux, les chauves-souris, les papillons, les mouches, les papillons nocturnes et même certains petits mammifères.
Quelques faits intéressants tirés du site Web de la Fondation David Suzuki (https://davidsuzuki.org/project/pollinators/) :

  • Les insectes représentent les deux tiers de tous les organismes vivants sur terre.
  • Les insectes fournissent une source alimentaire essentielle aux oiseaux et aux poissons et sont indispensables aux forêts et aux champs en tant qu’agents de décomposition.
  • Plus des trois quarts des plantes à fleurs sauvages et un tiers des aliments que nous consommons (une bouchée sur trois!) dépendent de la pollinisation par les insectes.
  • On dénombre au Canada plus de 800 espèces d’abeilles sauvages.
  • Sur le plan purement financier, les pollinisateurs ajoutent 233 milliards de dollars à l’économie mondiale et les abeilles domestiques contribuent à elles seules à la productivité agricole de l’Ontario à hauteur de 395 millions de dollars (https://pollinatorpartnership.ca/en/about-pollinators).

La perte de prés et d’habitats pour les fleurs sauvages, la pollution et l’utilisation de produits chimiques sont à l’origine du problème.

Nous avons parlé le mois dernier de la connectivité écologique et de l’importance de relier des aires naturelles afin de favoriser le déplacement des espèces entre divers habitats. Les jardins, par exemple, permettent aux insectes et autres pollinisateurs d’accéder aux grands pâturages et aux champs. Comme près de 80 % des Canadiens vivent dans des centres urbains, les jardins deviennent des refuges. Les zones dégagées sous les pylônes électriques de même que les fossés bordant les routes et les voies ferrées créent également un habitat des plus utile. Par ailleurs, en plantant des espèces indigènes, nous pouvons en apprendre davantage sur la nature et accroître la biodiversité autour de nos maisons. Même les plantes en pot sur les balcons, qui reflètent l’écosystème environnant, ont leur utilité. Ces petits gestes de conservation peuvent avoir un effet d’entraînement considérable.
Pour en savoir plus sur les petits gestes de conservation (comme la culture de plantes indigènes) qu’encourage Conservation de nature Canada, cliquez ici.

Tout le monde peut mettre la main à la pâte, que ce soit en plantant des espèces indigènes, en réduisant ou, mieux encore, en éliminant l’utilisation d’engrais chimiques ou encore en ne tondant pas sa pelouse en mai pour permettre aux premiers insectes printaniers de butiner les pissenlits (en savoir plus ici sur cette dernière initiative de Conservation de la nature Canada). En résistant, par exemple, à l’envie de ramasser les feuilles mortes et les vieilles branches à l’automne, nous créons des espaces de nidification et offrons un habitat hivernal aux insectes indigènes, aux pollinisateurs et autres espèces. Il suffit de penser au tapis forestier qui s’anime au printemps lorsque la nature se réveille! À n’en pas douter, les feuilles au sol remplissent une fonction.
Voici d’autres mesures propres à favoriser la conservation de la nature :

  • Créer un jardin dans sa cour.
  • Tondre une partie de sa pelouse seulement.
  • Laisser de l’eau aux insectes. Le bain pour oiseaux ou le petit bassin sont probablement trop profonds, mais on peut remplir d’eau une soucoupe ou un couvercle et y ajouter quelques cailloux comme points de repos et de connectivité.
  • Appuyer les organismes de conservation de votre région.
  • Suggérer à sa municipalité de retarder la tonte des talus, de laisser de plus grands espaces non entretenus ou, encore mieux, de créer des jardins communautaires.

La Fiducie de conservation Massawippi a placé 1 200 acres sous sa protection. Outre la forêt, des champs, des cours d’eau et des milieux humides abritent une multitude d’insectes et d’espèces sauvages. Une paisible balade dans les sentiers du parc Scowen donne l’occasion de voir, grâce aux champs laissés intacts, de nombreux insectes se déplacer de fleur en fleur. Dans le parc et sur les terres protégées peuvent s’observer notamment des marguerites, des boutons d’or, des géraniums de Robert, des dentelaires à deux feuilles, des trientales boréales, des trèfles et des épervières orangées (également connues sous le nom de pinceau du diable!). Une biodiversité précieuse!

Connaissez-vous les quatre éléments structurants de la conservation ?

 

Les voici : conservation, loisirs, recherche et éducation.

  • Conservation
  • Loisirs
  • Recherche

Et maintenant que la Fondation en est à sa 11e année depuis sa création, nous nous attaquons à l’élément « éducation ».

Nos objectifs pour les cinq prochaines années :

  • Promouvoir l’éducation par la nature, l’exercice physique et le renforcement de l’esprit d’équipe à l’intention des enfants de l’école primaire.
  • « Enseigner aux enseignants » :  Donner aux enseignants novices une expérience pratique de l’éducation en plein air dans le but de former l’équipe de demain, mettre les terres protégées à la disposition des universités de la région à des fins de recherche.
  • Favoriser le bien-être physique par l’éducation en plein air, la participation de la collectivité et le sentiment d’appartenance au moyen de programmes d’éducation pour adultes et familles.
  • Soutenir une vie de famille active en créant des moments privilégiés en harmonie avec la nature.

Nos constats à la suite du projet pilote mené au printemps 2022 :

  • Il n’y a pas de programme d’enseignement en plein air dans la région.
  • Le coût du transport par autobus représente l’obstacle principal aux excursions scolaires.
  • L’enseignement en plein air peut rebuter les enseignants qui n’ont pas d’expérience dans ce genre d’enseignement.
  • Le succès d’une classe en plein air repose notamment sur la présence d’un facilitateur.
  • Les enfants partagent leurs expériences de plein air avec leurs familles.
  • Les enfants se sentent concernés par la conservation et la protection de l’environnement et peuvent même devenir des citoyens scientifiques dès le bas âge.

Nous nous proposons de progresser par étapes. Pour commencer, nous avons invité huit écoles de la région à se joindre à nous au parc Scowen en compagnie de l’éducatrice Jessica Adams de Nature Nerding.

  • Le programme de classes en plein air a été élaboré à l’intention des enfants des écoles primaires.
  • La Fondation Massawippi et la Fiducie de conservation Massawippi assumeront les frais de chaque sortie et fourniront le matériel pédagogique, le transport, les services d’un facilitateur ou d’une facilitatrice ainsi qu’une collation santé. Chaque école pourra participer aux trois séances, soit à l’automne, en hiver et au printemps, pour ainsi assister aux changements propres à chacune de ces saisons.

Pourquoi les salamandres sont-elles si importantes?

Deux études sur les salamandres sont menées actuellement sur les terres protégées de la Fiducie Massawippi.

Pourquoi ces petites bêtes font-elles l’objet de tant d’intérêt?
C’est qu’elles nous renseignent sur la santé de l’environnement.

Les amphibiens se divisent en trois ordres : le premier comporte les salamandres; le deuxième, les grenouilles et les crapauds; le troisième, les cécilies (amphibiens sans pattes que l’on retrouve seulement dans les régions tropicales). Il existe environ 400 espèces de salamandres dans le monde. Leur taille varie de 4 cm à 1,5 m! Un tiers des espèces d’amphibiens sur terre sont menacées d’extinction.
Le Québec abrite 10 espèces de salamandre, dont deux espèces qui ne se trouvent qu’au Québec : la salamandre pourpre et la salamandre sombre des montages. La salamandre pourpre vit sur nos terres protégées dans le bassin versant du lac Massawippi.
Ce sont pour la plupart des organismes au corps court et à la queue longue, qui ont quatre pattes et une peau humide. La salamandre pourpre, une variété de la salamandre des ruisseaux, n’a pas de poumons! Comment survit-elle? Elle « respire » par sa peau humide. Elle ne peut survivre que près des tout petits cours d’eau de montagne à débit moyen. Elle a besoin de roches plates et d’eau claire et pure. Un débit d’eau important indique probablement la présence de poissons, ses prédateurs. Elle vit au haut du cours d’eau, à l’ombre, dans la forêt, là où l’eau est fraîche. Elle dépose ses œufs sur la face inférieure des roches. Comme son cycle de vie se caractérise par une longue période larvaire (de trois à six ans), l’environnement et les conditions climatiques doivent être stables pour assurer sa survie.

  La salamandre est nocturne. Elle passe ses journées sous terre ou sous le couvert de feuilles humides, si bien qu’on ne peut la voir à moins de pratiquer la randonnée de nuit. Elle est sensible à tout changement dans la qualité de l’eau, la température de l’air et l’humidité. Elle est à la fois proie et prédatrice et, pour cette raison, est une indicatrice de la santé de l’écosystème. Cet organisme à sang froid occupe des niches écologiques tellement spécialisées, lesquelles sont menacées par le changement climatique et la hausse des températures, qu’il est considéré comme un bioindicateur (utilisé pour évaluer la qualité de l’environnement et les changements qui interviennent au fil du temps) du changement climatique.
La salamandre limite la prolifération des organismes nuisibles, car elle mange des insectes comme les moustiques. Elle se nourrit également de têtards, d’invertébrés aquatiques et de plus gros animaux comme les oiseaux, les mammifères, les serpents et autres invertébrés. C’est pourquoi elle occupe une place importante dans la chaîne alimentaire. Tout ce qui a une incidence sur ses proies ou ses prédateurs se répercute sur sa population. D’autres organismes en dépendent.
Sa peau humide et perméable la rend vulnérable à la sécheresse et aux substances toxiques. Elle est considérée comme le « canari dans la mine de charbon » parce qu’elle est sensible à tout petit changement dans son habitat et, par conséquent, se révèle une excellente indicatrice de la santé de l’écosystème.
« Au Québec, les effluents agricoles et sylvicoles, causant l’apport de sédiments et l’altération de la qualité de l’eau, constituent la menace ayant le plus de répercussions négatives sur l’espèce selon les experts. Ceux-ci lui attribuent une cote d’impact élevée. Parmi les autres menaces, trois catégories ont également un impact jugé modéré sur les populations soit : la gestion et l’utilisation de l’eau, les corridors de transport et de service, ainsi que l’exploitation forestière».

La salamandre favorise la résilience dans sa niche écologique, car elle :

  • régule la population d’organismes nuisibles en se nourrissant de ces derniers;
  • contribue à la santé du sol en sécrétant de précieux micronutriments par sa peau lorsqu’elle se déplace;
  • conserve les réserves de carbone en endiguant la propagation d’insectes qui se nourrissent du tapis de feuilles de la forêt; contribue également à stocker le carbone en préservant la couverture de feuilles.
  • contribue à la santé des cours d’eau d’amont.

« Le rôle qu’elle joue dans la préservation des cours d’eau d’amont est l’un des plus beaux cadeaux qu’elle puisse offrir (sans le savoir) à l’être humain. La santé de nos principaux cours d’eau — rivières, lacs et ruisseaux — dépend directement de la santé des cours d’eau d’amont, et ces cours d’eau alimentent les aquifères souterrains qui fournissent de l’eau potable aux humains ». [Traduction libre — extrait d’un article qui repose sur les conclusions des scientifiques M. L. Best et H. H. Welsh Jr3]

Recherches et découvertes intéressantes!
Voici les propos de chercheurs de l’Université du Missouri à Columbia publiés sur le site Science Daily :
« Les salamandres vivent sous terre. Elles vivent là où la plupart des gens ne peuvent les voir, dans les petits cours d’eau d’amont où il n’y a pas d’autres vertébrés d’eau douce. Les poissons ne peuvent subsister dans ces petits affluents. C’est là où l’eau suinte de la roche, là où tous les cours d’eau prennent naissance… les salamandres constituent un énorme volume de biomasse protéique pour ces écosystèmes de cours d’eau d’amont, d’expliquer Ray Semlitsch. C’est important parce que cette biomasse peut ensuite être consommée, par des prédateurs notamment, ou encore être décomposée. Les salamandres consomment également des insectes aquatiques. Nous pensons qu’elles constituent un maillon essentiel des systèmes de cours d’eau d’amont, qui n’avait pas encore été détecté ou découvert.
« La quantité de biomasse que nous avons signalée est nettement supérieure à ce qui avait été signalé auparavant, ce qui laisse penser que ces cours d’eau d’amont sont des écosystèmes très importants et qu’ils doivent être protégés. À mon avis, ils méritent plus de protection que les cours d’eau situés en aval. Il me semble logique de protéger l’eau là où elle sort du sol pour ainsi retenir et conserver une eau propre et fournir des services écosystémiques en aval4. » [Traduction libre]

La santé de ces importants écosystèmes, dont les forêts et les milieux humides où se trouvent la plupart des amphibiens, a une valeur inestimable. Ces environnements apportent des milliards de dollars à l’économie en soutenant les loisirs ainsi que les industries de la pêche et du bois.

En veillant à la conservation de la forêt et du bassin versant du lac Massawippi, la Fiducie de conservation Massawippi protège les terres mêmes dont la salamandre a besoin pour survivre. La protection de la salamandre et sa présence sur nos terres contribuent à notre survie.

À titre d’information

Les deux espèces de salamandre étudiées sur les terres de la FCM sont les suivantes :
SALAMANDRE CENDRÉE (Trevor Scott, Université de Sherbrooke)
Plethodon cinereus
Description : Corps mince, tête étroite et pattes courtes; bande rougeâtre ou brunâtre sur le dos ou sans bande; ventre avec motifs rappelant la cendre; queue cylindrique; taille allant jusqu’à 13 cm.
Habitat : forêts de feuillus, forêts mixtes, forêts de conifères et zones rocheuses humides
État : espèce commune et répandue au Québec

SALAMANDRE DES RUISSEAUX (COGESAF et Consevation de la nature Canada)
Gyrinophilus porphyriticus
Description : de couleur rose ou orangée avec taches plus foncées; queue comprimée latéralement de manière à former une nageoire; ligne pâle reliant l’œil à la nature; ventre pâle; taille pouvant atteindre 20 cm.
Habitat : Présente en altitude, elle fréquente principalement les résurgences et les cours d’eau à fond rocheux ou graveleux.
État : au Québec, désignée en 2010 comme « espèce vulnérable »; au Canada, désignée comme « espèce préoccupante »; présente dans les Adirondacks, les Appalaches et sur certaines collines montérégiennes.

_______________________________
1. Plan de rétablissement de la salamandre pourpre (Gyrinophilus porphyriticus) au Québec — 2021-20312. Sarah Jay, Salamanders Can Do What?          https://www.discovermagazine.com/planet-earth/salamanders-can-do-what

3. Best, M. L.; Welsh, H. H., Jr., The trophic role of a forest salamander: impacts on invertebrates, leaf litter retention, and the humification process, 2014.https://www.fs.usda.gov/treesearch/pubs/45487)

4. Salamanders Are ‘Keystone’ Species: Headwater Streams Critical In Food Chain, Science Daily

https://www.sciencedaily.com/releases/2008/02/080222095730.htm

Séquence salamandre

Courriel de Félix Plante, Université de Sherbrooke

« L’inventaire des salamandres de ruisseau a été complété avec succès jeudi dernier par les membres du COGESAF et moi-même.
Nous avons pu trouver et compter les trois espèces de salamandres des ruisseaux, la salamandre pourpre, la salamandre à deux lignes et la salamandre sombre du Nord.
Comme mentionné précédemment, s’agissant d’une étude à long terme, les résultats complets et vulgarisés ne seront transmis qu’après les 10 années d’inventaire prévues pour le projet.
Les inventaires se poursuivront donc chaque année, et seront réalisés par l’équipe du COGESAF.
Je vous remercie encore pour votre précieuse collaboration, elle est très appréciée. »

La « forêt nourricière »… en quoi diffère-t-elle de la forêt?

La « forêt nourricière »… en quoi diffère-t-elle de la forêt?

Une forêt est un endroit sauvage où poussent des arbres et des plantes. C’est aussi un endroit où l’on trouve de la nourriture. Il y a les champignons bien sûr, mais pas seulement! Nous traiterons des aliments de la nature lors des prochains ateliers d’apprentissage destinés aux adultes que nous sommes à élaborer.
Pour vous en parler, nous nous sommes renseignés notamment auprès de Gérald Le Gal et de sa fille Ariane Paré-Le Gal, des spécialistes de la nourriture sauvage1. Leur ami de longue date, Patrick Garcia, est devenu notre ami. Il s’y connaît lui aussi en matière de cueillette de plantes comestibles sauvages.
Depuis toujours, l’homme a besoin de son environnement naturel pour se nourrir. Qu’on songe aux communautés autochtones pour qui la recherche de nourriture dans la nature n’a rien de secret.
Une forêt nourricière (aussi appelée un « jardin-forêt ») est un milieu aménagé selon le modèle de la forêt naturelle et qui a la particularité d’être composée d’espèces comestibles. Les forêts sont traversées de ruisseaux et rivières; les forêts nourricières doivent être arrosées et nécessitent l’intervention de l’homme.
Dans bon nombre de pays, la forêt nourricière, ou le jardin-forêt, n’a rien de nouveau. En fait, le long des berges des rivières et dans les contreforts des villages touchés par la mousson, il s’agit probablement de la forme d’exploitation de la terre la plus ancienne. Des jardins de Kandy, au Sri Lanka, aux vergers familiaux mexicains en passant par les pekarangans à Java, en Indonésie, les aménagements du genre ont tous en commun de nécessiter peu d’entretien, de présenter une végétation dense et de reproduire les diverses strates de la forêt naturelle. Ils demandent moins d’eau que les jardins habituels, la terre est de meilleure qualité et les mauvaises herbes sont moins nombreuses.
L’un des pionniers de la foresterie nourricière en climat tempéré occidental se nomme Robert Hart2. Ses débuts remontent à 1960, lorsqu’il a constaté que son exploitation agricole ne donnait pas les résultats escomptés et que les végétaux y poussaient moins bien que dans la forêt naturelle. Au fil du temps, il a donc élaboré ses propres méthodes et théories, qui ont par la suite été mises à profit par Martin Crawford2 et l’organisme Agroforestry Research Trust. Les jardins-forêts gagnent en popularité dans le cadre de la permaculture; on les trouve maintenant un peu partout dans les pays au climat tempéré.
L’aménagement d’une forêt nourricière repose sur le concept des strates; on en compte généralement sept ou huit.

Les sept strates du jardin-forêt
1. Canopée (gros arbres fruitiers et à noix)
2. Petits arbres (arbres fruitiers nains)
3. Arbustes (groseilles et autres petits fruits)
4. Herbacées
5. Sol de surface (couverture végétale)
6. Rhizosphère (racines)
7. Grimpantes et lianes

Une forêt nourricière bien gérée produit des fruits, des noix, des herbes et des légumes près de chez soi, ce qui contribue à réduire les émissions de CO2. Une fois établie, elle ne nécessite que très peu d’énergie artificielle, aucun engrais ou pesticide chimique et un minimum de travail. Robert Hart suggère toutefois d’exercer une surveillance quotidienne et de couper les plantes qui tentent d’empiéter les unes sur les autres. Il faut aussi veiller à couvrir le sol de paillis pour assurer la santé du sol et des organismes qu’il contient. Comme dans une forêt naturelle, les arbres d’une forêt nourricière contribuent à stocker le CO2. À mesure que les arbres poussent, la quantité de carbone retenue dans la terre augmente pourvu que le sol ne soit pas perturbé.

Grâce au modèle de dame Nature, nous apprenons à produire des aliments dans de meilleures conditions de culture. Ces jardins peuvent être aménagés n’importe où, que ce soit à la campagne, dans une cour arrière ou en milieu urbain. Ils permettent de cultiver des arbres et des arbustes comestibles et utiles. Le concept peut même être adapté à de petits espaces tels que les balcons!

1 Gérald Le Gal et Ariane Paré-Le Gal, Forêt : identifier, cueillir, cuisiner, Les Éditions Cardinal inc., Montréal, 2019. Ce livre contient des récits, des photos et des recettes sur les aliments de la nature.
Balado pour en savoir plus sur le fondateur de l’entreprise Gourmet Sauvage : https://acpfnl.ca/podcast-012/
2 Robert Hart décrit les forêts nourricières dans cette vidéo (en anglais). Son livre : Forest Gardening: Rediscovering Nature and Community in a Post-Industrial Age
3 Martin Crawford a écrit plusieurs livres dont celui-ci : La Forêt-jardin : créer une forêt comestible en permaculture pour retrouver autonomie et abondance. Vidéo : A Walk in Martin Crawford’s Forest Garden.
4 Site Web créé par Graham Burnett et proposant des conseils pratiques et des explications de même que des produits à acheter : https://spiralseed.co.uk/making-forest-garden/
5 Dessin du Jardin forêt https://www.laforetnourriciere.org/les-7-strates-du-jardin-foret/
6 Une autre ressource Québécoise : https://notrevraienature.com/2019/03/01/la-foret-nourriciere-modele-de-permaculture-par-excellence/